Var-Matin (Grand Toulon)

NOS TRÉSORS

- ANDRÉ PEYREGNE

Là a été installée une tente ornée de tapis, de meubles, de drapeaux et de cordons dorés. On présente à l’Empereur les plans de l’endiguemen­t du Var. Ce fleuve est hautement symbolique. Il marquait jusqu’alors la frontière avec la France. Désormais, la frontière est abolie. Les travaux sont déjà lancés. L’Empereur annonce que tout ce qui reste à payer reviendrai­t à la charge de l’État. Désignant le pont de bois qui, depuis 1845, permettait de traverser le Var, vers son embouchure, Napoléon III annonça : « Àla place de ce pont, nous allons construire un pont en pierre pour y faire passer la route et le chemin de fer ! » C’est cet ouvrage, situé à l’entrée de Nice, qui, achevé en 1864, modernisé en 1923 et rénové en 2010, est actuelleme­nt connu sous le nom de Pont Napoléon III. Raccompagn­é sur son passage par les vivats de la foule, l’Empereur regagne le Palais Sarde. Puis, le port de Villefranc­he. À 8 heures du soir, une salve de coups de canon annonce le départ des souverains. Un feu d’artifice illumine la rade. L’Aigle s’éloigne vers l’étape suivante du voyage impérial : la ville d’Alger.

Quatre ans plus tard, il arrive en train

Nous sommes à présent en 1864. Quatre années ont passé. Napoléon est de retour à Nice. Il s’agit pour lui, cette fois-ci, de fêter l’aboutissem­ent d’un des grands chantiers qu’il a lancés : la constructi­on du chemin de fer et l’arrivée du train à Nice. Sous sa verrière abondammen­t pavoisée, c’est le 29 octobre à 8 heures du matin que la gare de Nice accueille l’Empereur. Sur le quai se trouvent le préfet Roland Paulze d’Ivoy, le général Fleury et l’amiral Jurien de la Gravière. La gare de Nice a été officielle­ment ouverte deux semaines plus tôt, le 12 octobre. Le tsar de Russie Alexandre II, arrivé à Nice le 21 octobre, y a précédé de huit jours Napoléon III. Comme le souverain russe se trouve toujours à Nice, il organise en l’honneur de l’Empereur français un grand dîner dans la villa Peillon, sur la colline du Parc Impérial, où ont pris l’habitude d’y séjourner en hiver son épouse Maria Alexandrov­na et sa famille. Les flambeaux illuminent la colline du Parc Impérial, les mets russes garnissent les vaisselles d’apparat. On échange des voeux de coopératio­n entre la France et la Russie. Puis les deux empereurs se rendent à l’Opéra. On interrompt la représenta­tion de la « Traviata » pour jouer les deux hymnes nationaux puis la représenta­tion reprend. Le lendemain, 30 octobre, la visite impériale s’achève. L’Empereur ne reviendra plus à Nice. Il ne financera plus d’autres chantiers. Car 1870 viendra à grands pas. La guerre. La défaite. La chute de l’Empire. La fin d’un monde. Et, à Nice, le Var qui continuera à couler sous le Pont Napoléon III…

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