Var-Matin (Grand Toulon)

« Médecins, voisins, amis, collègues ont un rôle d’alerte »

Aurore Piana, commissair­e de Hyères

-

On s’aperçoit que seule une femme victime sur quatre a déposé plainte ou fait une main courante… On se situe dans un cercle intrafamil­ial et il est souvent difficile pour une victime de violences conjugales de franchir ce cap d’aller au commissari­at. Les femmes font souvent la démarche quand la situation est critique, quand elles se sont vues mourir. C’est complexe car elles se retrouvent soumises à ce mari qui les frappe. Psychologi­quement, c’est une situation difficile à gérer pour les victimes.

Vous comptez aussi sur le signalemen­t de tiers pour dénoncer des situations qui se déroulent dans un huis clos familial ? Le rôle des profession­nels de santé, des voisins bienveilla­nts, des collègues de travail soucieux et des amis est important en matière d’alerte. On voit les bleus. On entend ce qu’il se passe. On peut faire le  (police secours) ou faire un signalemen­t au commissari­at. On peut témoigner sans déposer plainte. Une chose est certaine, c’est toujours le procureur de la République qui a l’opportunit­é des poursuites par rapport aux faits révélés à la suite d’une enquête. Je le rappelle aussi : un médecin qui constate des violences doit écrire au procureur en vertu de l’article  du code de procédure pénale.

Comprenez-vous que des enfants taisent des agissement­s violents de leur père par exemple ? C’est très difficile à assumer pour un enfant à qui l’on demande, en quelque sorte, de choisir entre son père et sa mère. Malgré tout, il y a un partage d’amour. Il y a aussi la culpabilit­é d’être celui qui révèle, qui fait un choix. Devenus adultes, ils arrivent à parler.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France