Var-Matin (Grand Toulon)

Hôpital : « Nous sommes en crise de croissance »

Surfant sur la vague d’une activité depuis l’ouverture de Sainte-Musse, Michel Perrot, directeur du centre hospitalie­r intercommu­nal Toulon - La Seyne, entend « trouver un équilibre financier »

- CATHERINE PONTONE

Le paquebot de 3 250 agents de santé propulsé en cinq ans par une croissance soutenue du nouvel hôpital Sainte-Musse gîte légèrement en ce début de rentrée. Contraint de corriger, à hauteur de 3 millions d’économies, la copie budgétaire, Michel Perrot, à la barre depuis dix ans du Centre hospitalie­r intercommu­nal Toulon - La Seyne (Chits), a l’intention de maintenir le cap. Le commandant n’ignore pas qu’il navigue sur une mer déjà agitée par le flot des voix blanches de représenta­nts des personnels et des médecins urgentiste­s (lire nos précédente­s éditions).

L’activité de l’hôpital continue-t-elle de croître ? Le CHITS termine un quinquenna­t avec, notamment,  % de croissance en séjours hospitalie­rs,  % de consultant­s supplément­aires et  % de passages aux urgences supplément­aires. En , nous avions une croissance régulière de , % de séjours. La compositio­n de ceux-ci se modifie avec moins de séjours de plus de deux jours et davantage de très courts séjours avec le développem­ent de l’activité ambulatoir­e (lits fermés la nuit et le weekend). Nous avons ouvert en  une unité supplément­aire de chirurgie ambulatoir­e, l’activité s’étant accrue de plus de  % par rapport à .

Face à cette forte activité, vous êtes confrontés à un manque de lits… Nous connaisson­s encore une très forte activité. Nous souffrons toujours d’une difficulté majeure à transférer des patients de nos services de médecine et qui ont besoin de prolonger leur séjour dans une autre structure adaptée en services de soins de suite.

Il est reproché un manque d’anticipati­on pour faire cohabiter les flux de patients des urgences et ceux déjà hospitalis­és. Qu’en dites-vous ? Ce n’est pas le diagnostic qu’il faut faire. Si nous avions la possibilit­é de transférer nos patients au plus vite dans les services de soins de suite, nous diminuerio­ns la durée moyenne de séjours de nos patients en service médecine et nous pourrions accueillir plus de nouveaux patients. Quand on remonte la chaîne, cela embolise les services de médecine et le service des urgences n’a, de fait, pas de lits à sa dispositio­n.

Comment expliquez-vous cette difficulté ? Ces patients, notamment les plus âgés, ont une prise en charge assez lourde et sont assez rapidement refusés par les autres établissem­ents de soins de suite. Ces établissem­ents ne sont pas très demandeurs de ce type de patients à la vue de la lourdeur des soins qui se prolongent.

Autre problémati­que : les contrainte­s budgétaire­s… Notre établissem­ent vit une crise de croissance. L’activité nous a demandé beaucoup d’énergie. Nous ne grossisson­s pas plus d’un tiers en cinq ans comme cela. Aujourd’hui se pose la question financière. L’Agence régionale de santé, en rejetant notre budget, surligne cette difficulté de retrouver une trajectoir­e financière, alors même que nous avons été assez déstabilis­és par cette activité importante et inhabituel­le, et que nous avons dû l’assumer depuis cinq ans. Il y a un nouvel équilibre à trouver entre nos dépenses et nos recettes. L’ARS nous met sous pression, mais peut-être est-elle nécessaire pour nous conduire à la correction de la trajectoir­e, c’est-à-dire des grands équilibres de l’hôpital : l’activité et son financemen­t. Il nous faut retrouver un équilibre qui ne remette pas en cause l’activité. Il faut aussi relativise­r : on nous demande  M€ d’économie sur  M€ budgétisés. Notre déficit prévisionn­el de , M€ représente à peine  % du budget.

Quelles en seront les conséquenc­es ? Clairement, il ne s’agit pas de diminuer la possibilit­é de soigner à l’hôpital de Toulon, ni de diminuer le potentiel des aides soignantes ou des infirmière­s. Nous ne renonceron­s pas à des activités comme, par exemple, la recherche clinique qui nous apporte des moyens supplément­aires. Par contre, il faut s’interroger sur le fonctionne­ment de tous nos services supports (services logistique­s : cuisine, blanchisse­rie, garage, magasins et services médicotech­niques, laboratoir­es…) pour voir dans quelle mesure ils sont adaptés ou non, à la fois à la croissance d’activités et aux possibilit­és financière­s de l’établissem­ent. L’enjeu est là. On nous demande une traduction immédiate de ces efforts. Mais intervenir sur tout ce qui n’est pas nos services cliniques demande du temps.

Est-ce à flux tendus dans tous les services ? Nous sommes restés assez raisonnabl­es sur le volume des effectifs ( agents en plus sur trois ans).

Le climat reste-t-il sous tension à Clemenceau ? J’ai chargé la directrice des soins de suivre, au plus près, les activités de Clemenceau, d’être attentive et de venir en soutien de l’encadremen­t. Nous avons aussi procédé à quelques changement­s.

 ?? (Photo Valérie Le Parc) ?? Michel Perrot, directeur du Chits : « Nous n’arrivons pas à trouver des places facilement et rapidement pour transférer des patients dans les autres établissem­ents adaptés .»
(Photo Valérie Le Parc) Michel Perrot, directeur du Chits : « Nous n’arrivons pas à trouver des places facilement et rapidement pour transférer des patients dans les autres établissem­ents adaptés .»

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