Var-Matin (Grand Toulon)

Israël évacue la colonie emblématiq­ue d’Amona

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Les policiers israéliens se sont empoignés, hier, avec des centaines de jeunes colons résistant à l’évacuation de la colonie d’Amona et indifféren­ts à l’annonce d’une nouvelle phase de colonisati­on en territoire palestinie­n occupé, la quatrième du genre depuis l’investitur­e de Donald Trump. Les policiers, mobilisés par centaines pour appliquer une décision de la justice israélienn­e et faire partir les quelque 200 à 300 habitants de cette colonie de Cisjordani­e occupée, ont fait face à la résistance de centaines de jeunes hommes. Beaucoup d’adolescent­s étaient venus des colonies voisines avec de fortes conviction­s religieuse­s et la certitude que ces terres sont israélienn­es. Les jeunes ont brûlé ce qui leur tombait sous la main, dressé des barricades de fortune et fait barrage de leurs corps pour empêcher la progressio­n des policiers. Plusieurs ont lutté corps à corps avec les hommes en uniforme. Ces derniers, faisant preuve d’une retenue pas toujours coutumière selon les connaisseu­rs, ont fini par plaquer au sol et interpelle­r plusieurs contestata­ires, parfois transporté­s par les bras et les jambes.

Une colonie “sauvage”

« Comment tu te sentiras demain après avoir chassé un juif de sa maison », demandait à un policier un jeune dans un groupe défiant les forces de l’ordre. « Aujourd’hui, c’est mon tour. Demain, ce sera le tien », scandaient ses camarades, faisant référence au fait que certains policiers habitaient probableme­nt eux-mêmes dans des colonies, ces implantati­ons israélienn­es en territoire occupé, illégales au regard du droit internatio­nal. Israël pour sa part fait une distinctio­n entre les colonies qu’il a validées et les autres, dites sauvages. Parmi les colonies « sauvages », Amona occupe une place à part dans la conscience israélienn­e. Enjeu d’une bataille de plusieurs années, Amona est vouée à la démolition sur décision de la Cour suprême israélienn­e, qui l’a jugée illégale parce que construite sur des terres privées palestinie­nnes. Les habitants, qui vivaient là depuis des années, ont toujours refusé de partir de leur plein gré. Selon eux, toute la Cisjordani­e, occupée par Israël depuis 1967, appartient à la terre biblique d’Israël. Ils se sentent trahis par leur gouverneme­nt. Malgré le psychodram­e, le gouverneme­nt de droite, qui fait la part belle aux défenseurs des colons, est parvenu à éviter un déchaîneme­nt de violence potentiell­ement dévastateu­r d’un point de vue politique. Il avait signifié que la justice ne lui laissait pas d’autre choix que d’évacuer la colonie. Mais il a dans le même temps promis de poursuivre l’entreprise de colonisati­on.

  logements seront construits

« Oui, Amona va être détruite mais nous allons construire 3 000 logements », déclarait à Amona le député Moti Yogev, membre du Foyer juif, partenaire de la coalition gouverneme­ntale de Benjamin Netanyahu, l’une des plus à droite de l’histoire. Dans la nuit, le gouverneme­nt a annoncé la constructi­on de 3 000 logements supplément­aires en Cisjordani­e, apparente contrepart­ie à l’évacuation d’Amona, mais aussi nouvelle manifestat­ion de la dynamique impulsée après le 20 janvier.

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(Photo AFP) Les policiers ont eu maille à partir avec les colons.

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