Pellerin : « Laisser la place aux jeunes »
Les JO de Rio dans le rétroviseur, c’est un nouveau cycle qui débute pour la natation française et pour Fabrice Pellerin. L’entraîneur de l’Olympique Nice Natation se confie à quelques jours du meeting international de Nice (du 3 au 5 février), où ses nageurs auront l’occasion de se tester.
Fabrice, quelle valeur accorder à ce meeting ? Pour nous, c’est le deuxième meeting depuis notre reprise. Se refaire la main sur les courses, se confronter, c’est la clé de voûte du nageur. On a démarré un travail physique intensif, donc c’est compliqué de formuler des attentes. Certains vont performer alors que d’autres vont être sous le poids de la charge de travail. Mais pour nous, il a une valeur affective et sentimentale. Même si, on ne sera pas forcément armé pour réussir.
Justement, quel est le projet de l’ONN cette saison ? On a toujours nos têtes d’affiche comme Charlotte Bonnet ou Jérémy Desplanches qui ont les capacités de faire des podiums. Mais on va élargir considérablement notre base de nageurs à une trentaine de compétiteurs. L’idée est de détecter, sélectionner dans notre pépinière une poignée de jeunes qui ont le potentiel pour évoluer. En continuant bien sûr à accompagner dignement les nageurs qui sont dans le présent pour avoir des Niçois aux championnats du monde à Budapest.
Charlotte Bonnet a-t-elle les épaules assez larges pour être un futur leader de l’équipe de France ? C’est une question récurrente mais ce n’est pas une finalité pour Charlotte. L’important pour elle est de se tracer un parcours qui la comble humainement et sportivement. Elle ne revendique pas du tout ce rôle.
Les résultats à Rio ont été en deçà des attentes. Le public français s’est-il un peu trop habitué aux exploits ? On a aujourd’hui du mal à trouver des leaders. Effectivement, le public a vécu des émotions fortes et répétées. Mais il faut accepter que la natation marche sous forme de cycle. Ça crée forcément de la frustration. Mais c’est comme ça que naît l’intensité.
Quels sont les ingrédients qui permettront de réussir la transition vers Tokyo ? Ils sont multiples et complexes. Il faut que les clubs se concentrent sur eux-mêmes et se détachent de la pression du résultat imminent. Il faut aussi laisser la place aux jeunes. On a perdu trop d’énergie à accompagner des nageurs vieillissants. Il faut investir sur la nouvelle génération. Après, il faut que la Fédé partage cette vision-là. Mais je suis optimiste.