Var-Matin (Grand Toulon)

USA : le business de la pauvreté

Magazine Envoyé spécial, sur France 2, s’interroge sur une nouvelle lubie des riches américains

- JULIA BAUDIN

Pour mieux prendre conscience de la pauvreté endémique qui ronge les États-Unis, des businessme­n humanistes proposent aux riches des stages d’immersion dans la vie des pauvres. Envoyé spécial s’est penché sur le sujet. Les États-Unis comptent aujourd’hui 90 millions de citoyens vivant à hauteur ou en dessous du seuil de pauvreté, la moitié d’entre eux faisant la queue tous les jours devant les banques alimentair­es. Et, comme les Américains ne font jamais les choses à moitié, l’ âpreté de l’ existence des uns est devenue source d’ expérience­sinédites, voire de revenus, pour les autres. Ainsi les stages d’immersion dans la pauvreté( en anglais«po vert y simulation »), pro posés par un nombre grandissan­t d’ organismes et d’ associatio­ns à travers tout le pays, et dont le coût–car il faut payer pour vivre la vie d’un pauvre–varie d’ une centaine à plusieurs milliers de dollars. Au Colorado, par exemple, un certain Jeff Cook propose contre 120 dollarsunw­eek-enddejeûne­etde mendicité dans les rues de Denver, à l’issue duquel les participan­ts rencontren­t des associatio­ns d’aide aux SDF. La Missouri Associatio­n for Community Action (MACA) propose, elle, et pour la modique somme de 2 000 dollars (environ 1900 euros ), un kit de pauvreté permettant à un ou plusieurs individus de découvrir ce qu’il en est vraiment d’être pauvre. Pur élan humanitair­e ou cynisme féroce ?« Ce type d’ initiative­existe depuis plusieurs années et vis ait d’ abord à sensibilis­er les travailleu­rs sociaux aux conditions de vie des plus démunis, explique Jeff Cook dans une interview. Si elle s’ est étendue à l’ ensemble des citoyens, c’est que nombre d’entre eux n’ont aucune idée de ce qu’il se passe à quelques mètres de leur maison ou de leur bureau. Quand ils en sortent, ils sont généraleme­nt très émus… » Émus, oui, mais à quel point ? «La plupart d’ entre eux admettent qu’ils n’ avaient pas idée des difficulté­s rencontré es au quotidien par les gens confrontés à la misère et que cette expérience a changé leur façon de considérer les choses et les autres », dit encore Lisa Hamler-Fugitt, la patronne du second programme. Reste à savoir si ces entreprise­s humanitair­es ne sont pas qu’un business supplément­aire développé par une poignée de « bons samaritain­s ». Des initiative­s du même genre voient le jour outre-Atlantique,mais aussi en Europe, sur le thème des réfugiés. Envoyé spécial à 20h55 surF rance2

 ??  ?? Le coût des stages d’immersion dans la pauvreté varie d’une centaine à plusieurs milliers de dollars.
Le coût des stages d’immersion dans la pauvreté varie d’une centaine à plusieurs milliers de dollars.

Newspapers in French

Newspapers from France