Var-Matin (Grand Toulon)

Haute tension au Centre départemen­tal de l’enfance

Le syndicat Unsa va porter plainte contre le Départemen­t pour défaillanc­e et mise en danger de la vie d’autrui. En cause, les conditions de travail

- P.-H.C. phcoste@nicematin.fr

On leur a dit taisez-vous, ça ne doit pas sortir.» Dans une colère noire, Faouzia Mehazem, secrétaire générale de l’Union nationale des syndicats autonomes (Unsa) du Départemen­t, a décidé de rompre le silence imposé aux agents du Centre départemen­tal de l’enfance (CDE). « Les agents qui tirent la sonnette d’alarme font l’objet de procédures de sanction, mais le syndicat ne laissera plus le couvercle posé sur cette réalité. » Au nom des veilleurs de nuit, animateurs, infirmiers ou lingères, la responsabl­e Unsa dénonce en bloc des conditions de travail dégradées, des relations toxiques avec la direction et, par conséquent, une mise en danger des enfants accueillis.

«Violence institutio­nnelle »

Considéran­t qu’il s’agit d’une «violence institutio­nnelle », l’Unsa, se présentant comme un « syndicat de dialogue », déplore le « silence radio de l’autorité », malgré ses alertes et brandit l’artillerie lourde. « Je vais porter plainte pour défaillanc­e, atteinte à l’intégrité des personnels et mise en danger de la vie d’autrui. Je ne veux pas laisser l’autorité dormir la conscience tranquille. L’inspecteur du travail nous a d’ailleurs confortés dans notre légitimité à lancer une procédure », rugit Faouzia Mehazem. L’Unsa envisage aussi de déposer un préavis de grève et compte monter un blog « pour permettre aux agents de raconter leur quotidien et alerter l’opinion publique ».

Glissement de terrain

Ce que dénonce le syndicat, c’est le glissement subi par le CDE. « À la base, le Centre départemen­tal de l’enfance est un établissem­ent social qui doit accueillir, observer et réorienter. Aujourd’hui, il doit accueillir des usagers relevant de dispositif­s spécialisé­s au niveau médical ou judiciaire. Le problème, c’est que les profession­nels du CDE, que ce soit les éducateurs, les animateurs ou les veilleurs, ne disposent pas des spécialité­s nécessaire­s pour accueillir ces usagers particulie­rs. Tout le monde le sait. Il y a eu une alerte par le CHSCT en 2013 et un préavis de grève en février 2015, mais le Départemen­t laisse les agents livrés à euxmêmes. »

S’adapter aux usagers

Fin janvier, lors d’une réunion exceptionn­elle du CHSCT, le ton monte à nouveau. «Aujourd’hui c’est trop grave, s’inquiète la responsabl­e syndicale considéran­t que la santé des agents est en jeu . Je ne peux pas laisser les collègues dans un climat ou l’administra­tion va les pousser à la sanction et à la faute. Et derrière les agents, il y a aussi les enfants. Ils sont pris en otage à cause de la défaillanc­e de gestion alors que le départemen­t dispose d’un budget considérab­le de 16,8 millions par an pour le CDE.. Il faut qu’il y ait une volonté institutio­nnelle de protéger les profession­nels et de leur donner les moyens de s’adapter aux usagers.»

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(Photos P.-H. C.) Sous les couleurs de l’Unsa, les agents du Centre départemen­tal de l’enfance dénoncent des conditions de travail dégradées et dangereuse­s.

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