Var-Matin (Grand Toulon)

Le cri d’alarme des directeurs d’hôpitaux

Le personnel soignant au bord du burn out. Exaspérée, la Fédération hospitaliè­re de France a publié, hier, cinquante propositio­ns et les a adressées aux candidats à la présidenti­elle

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Plus d’autonomie pour les hôpitaux, restrictio­n de la liberté d’installati­on des médecins libéraux, révision de la carte des CHU… La Fédération hospitaliè­re de France (FHF), porte-voix des établissem­ents publics « à bout de souffle », a appelé, hier, à des réformes de fond, plutôt qu’« au coup par coup ». Présentée à quelques semaines de la présidenti­elle, sa « plateforme » aété élaborée à l’issue d’une consultati­on en ligne et d’un « tour de France » et entend fournir une cinquantai­ne de « clés » aux décideurs politiques pour lutter contre les déserts médicaux, réorganise­r les hôpitaux ou encore rénover leurs modes de financemen­t. « Il est devenu urgent d’en finir avec la politique des «économies au rabot», conduite au coup par coup, sans réorganisa­tion globale» , dénonce la FHF, en référence notamment aux 3 milliards d’euros d’économies demandés à l’hôpital sur trois ans depuis 2015. Elle « appelle les gouvernant­s à assumer les réformes à conduire et à cesser des décisions prises nationalem­ent mais non financées » et pénalisant­es, comme la réduction du temps de travail des urgentiste­s ou les revalorisa­tions salariales chez les fonctionna­ires. « L’hôpital est sans doute proche d’une situation de burn out », a déclaré le président de la FHF, Frédéric Valletoux. Sa « première exigence » est «d’engager la convergenc­e des contrainte­s entre tous les acteurs de la santé », a-t-il expliqué dans un pointpress­e, proposant notamment de rendre obligatoir­e la participat­ion des médecins libéraux à la permanence des soins.

Plus de souplesse

Pour donner plus de souplesse aux hôpitaux, désorganis­és, selon la FHF, par la réforme des 35 heures, elle préconise « d’introduire au niveau législatif un dispositif d’autonomie avancée ». Dans ce cadre, les personnels pourraient choisir un nouveau mode d’exercice « combinant augmentati­on de la durée de travail et renforceme­nt de l’attractivi­té des rémunérati­ons », afin notamment d’exercer dans plusieurs établissem­ents de leur groupement hospitalie­r de territoire (GHT). Pour lutter contre l’absentéism­e (de 8 % en moyenne), elle demande le rétablisse­ment du jour de carence, qui rapportera­it « 90 millions d’euros ».

« De quoi je me mêle ? »

S’agissant de l’accès aux soins, elle suggère d’empêcher les médecins libéraux pratiquant des dépassemen­ts d’honoraires de s’installer dans les zones sur-denses. Pour enrayer la pénurie de praticiens dans les hôpitaux publics et le recours onéreux à l’intérim, il faudrait selon elle plafonner les rémunérati­ons dans le privé ou encore créer « un opérateur d’intérim parapublic à honoraires maîtrisés ». Autant d’éléments qui font bondir le principal syndicat de médecins libéraux, la CSMF. « De quoi je me mêle ? », demande-t-elle à la FHF dans un communiqué. La CSMF préconise plutôt de créer «des statuts d’exercice mixte avec des activités partagées entre l’hôpital et la ville » et de rendre les carrières plus attractive­s pour les jeunes, « tant à l’hôpital » qu’en ville. La FHF prône, par ailleurs, une refondatio­n du modèle hospitalo-universita­ire adapté aux nouvelles régions, l’instaurati­on d’un «cinquième risque» de la Sécurité sociale pour l’autonomie des personnes âgées et dépendante­s ou encore un financemen­t tenant mieux compte de la précarité des patients accueillis dans le public. La FHF représente 1 000 hôpitaux et 3 800 établissem­ents médico-sociaux publics.

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(Photo AFP) Parmi les mesures réclamées par le porte-voix des établissem­ents publics : rendre obligatoir­e la participat­ion des médecins libéraux à la permanence des soins.

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