Le progrès inscrit dans les biopsies liquides? Diagnostic
Patrizia Paterlini-Bréchot, médecin et chercheur, en est convaincue : demain, le cancer cessera de nous terrifier. Et le test qu’elle a développé, l’Iset, participera à cette révolution
Le Patrizia Paterlini-Brechot publie Tuer le cancer aux éditions Stock (1). Son pari ? Détecter précocement le cancer par simple prise de sang.
Tuer le cancer : le titre de votre ouvrage n’est-il pas excessif ? Croyez-vous vraiment que le cancer peut être terrassé ? Je pense que la mortalité due au cancer pourra baisser drastiquement. Même s’il est évident que l’on n’obtiendra jamais % de guérison, un jour le cancer ne fera plus peur. Comme c’est le cas des maladies bactériennes par exemple; elles n’ont pas été éradiquées, on peut encore en mourir, mais elles ne nous terrifient plus. On n’a pas ce sentiment terrible, comme c’est le cas pour le cancer, que l’on nous tue d’un coup de poignard dans le dos.
Le cancer bénéficie déjà de grandes avancées thérapeutiques... C’est un fait. Les progrès ont permis d’obtenir la guérison ou au moins le contrôle de la maladie dans à % des cas. Mais la médecine reste un peu impuissante face aux à % des cancers pour lesquels on arrive trop tard, qui sont déjà à un stade métastatique. Et c’est là qu’un chemin important reste à parcourir, même si je suis convaincue que la victoire n’est plus très lointaine.
Comment le test Iset que vous avez mis au point participera-t-il à cette victoire ? En permettant de détecter très tôt, dans le sang, des cellules cancéreuses, avant même que la tumeur et les métastases ne soient visibles sur des examens d’imagerie.
Sachant que la plupart des tumeurs évoluent sur de longues périodes, il faudrait réaliser ce test très régulièrement. Pensezvous que ce soit envisageable ? Oui, si ce test est vendu à bas prix() [il est proposé actuellement à euros, ndlr], comme tous ces autres tests que l’on réalise régulièrement dans les laboratoires d’analyse (numération, formule sanguine…).
Mais quid de l’aspect anxiogène ? On n’a pas peur aujourd’hui d’aller faire des examens biologiques, alors qu’ils peuvent eux aussi révéler des anomalies pouvant orienter vers un cancer. J’espère de la même manière que demain, on pourra faire cette recherche de cellules anormales et arriver très tôt dans la prise en charge de ces cancers potentiellement invasifs. Pour ensuite frapper fort et les éliminer. Et nous en avons la possibilité puisque nous disposons d’armes efficaces contre ces tumeurs.
On parle souvent des tumeurs qui se développent et que notre système immunitaire élimine naturellement. Ce test ne risque-t-il pas de conduire à des surdiagnostics ? La présence de cellules cancéreuses vivantes dans le sang signe toujours la présence d’un cancer en développement, que le système immunitaire n’a pas pu empêcher de se développer et d’essaimer. S’il avait joué son rôle, ces étapes n’auraient pu être franchies. Et les travaux conduits à Nice, par les Prs Paul Hofman et Charles-Hugo Marquette,
La victoire n’est plus très lointaine Patrizia Paterlini-Brechot ont bien confirmé que chez les patients présentant ces cellules tumorales circulantes dans le sang, un cancer était détecté par imagerie dans les années qui suivaient.
Dans les travaux que vous citez le test était réalisé chez des personnes à haut risque de cancer du poumon, qui ont pu bénéficier ensuite d’une surveillance par scanner thoracique. Mais, comment savoir quel organe surveiller lorsque le test révèle la présence de cellules anormales lors d’un examen de routine ? C’est une vraie question. Plusieurs études sont en cours, au niveau international. Nous-mêmes essayons actuellement de développer des méthodes permettant d’identifier l’organe d’où sont issues les cellules cancéreuses circulantes mises en évidence. Mais, pour y arriver, nous avons besoin de financements
On a coutume d’entendre que plus une tumeur est petite, meilleures sont les chances de guérison. Or, vos travaux indiquent qu’on peut ne rien voir à l’imagerie, et avoir déjà une tumeur qui essaime... Ce n’est pas nous qui avons montré ça mais une étude indépendante. Il existe en réalité deux types de tumeurs. Certaines naissent localisées, puis grossissent et commencent à envahir. Ce sont les moins dangereuses puisqu’on peut les repérer facilement et agir. Mais, d’autres cancers sont d’emblée invasifs . D’où ma conviction, que l’avenir réside dans l’utilisation d’un examen de routine, non invasif, capable de détecter la présence d’un cancer le plus précocement possible. C’est le cas de la biopsie liquide. Il faut aujourd’hui permettre au plus grand nombre de personnes d’y avoir accès. 1. Les droits d’auteurs seront tous reversés à des recherches académiques sur les biopsies liquides. 2. Le testCytopathologie sanguine ISET® est réalisé uniquement sur prescription médicale (www.isetbyrarecells.com) 3. www.stl-don.org