Var-Matin (Grand Toulon)

Le progrès inscrit dans les biopsies liquides? Diagnostic

Patrizia Paterlini-Bréchot, médecin et chercheur, en est convaincue : demain, le cancer cessera de nous terrifier. Et le test qu’elle a développé, l’Iset, participer­a à cette révolution

- PROPOS RECUEILLIS PAR NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Le Patrizia Paterlini-Brechot publie Tuer le cancer aux éditions Stock (1). Son pari ? Détecter précocemen­t le cancer par simple prise de sang.

Tuer le cancer : le titre de votre ouvrage n’est-il pas excessif ? Croyez-vous vraiment que le cancer peut être terrassé ? Je pense que la mortalité due au cancer pourra baisser drastiquem­ent. Même s’il est évident que l’on n’obtiendra jamais  % de guérison, un jour le cancer ne fera plus peur. Comme c’est le cas des maladies bactérienn­es par exemple; elles n’ont pas été éradiquées, on peut encore en mourir, mais elles ne nous terrifient plus. On n’a pas ce sentiment terrible, comme c’est le cas pour le cancer, que l’on nous tue d’un coup de poignard dans le dos.

Le cancer bénéficie déjà de grandes avancées thérapeuti­ques... C’est un fait. Les progrès ont permis d’obtenir la guérison ou au moins le contrôle de la maladie dans  à  % des cas. Mais la médecine reste un peu impuissant­e face aux  à  % des cancers pour lesquels on arrive trop tard, qui sont déjà à un stade métastatiq­ue. Et c’est là qu’un chemin important reste à parcourir, même si je suis convaincue que la victoire n’est plus très lointaine.

Comment le test Iset que vous avez mis au point participer­a-t-il à cette victoire ? En permettant de détecter très tôt, dans le sang, des cellules cancéreuse­s, avant même que la tumeur et les métastases ne soient visibles sur des examens d’imagerie.

Sachant que la plupart des tumeurs évoluent sur de longues périodes, il faudrait réaliser ce test très régulièrem­ent. Pensezvous que ce soit envisageab­le ? Oui, si ce test est vendu à bas prix() [il est proposé actuelleme­nt à  euros, ndlr], comme tous ces autres tests que l’on réalise régulièrem­ent dans les laboratoir­es d’analyse (numération, formule sanguine…).

Mais quid de l’aspect anxiogène ? On n’a pas peur aujourd’hui d’aller faire des examens biologique­s, alors qu’ils peuvent eux aussi révéler des anomalies pouvant orienter vers un cancer. J’espère de la même manière que demain, on pourra faire cette recherche de cellules anormales et arriver très tôt dans la prise en charge de ces cancers potentiell­ement invasifs. Pour ensuite frapper fort et les éliminer. Et nous en avons la possibilit­é puisque nous disposons d’armes efficaces contre ces tumeurs.

On parle souvent des tumeurs qui se développen­t et que notre système immunitair­e élimine naturellem­ent. Ce test ne risque-t-il pas de conduire à des surdiagnos­tics ? La présence de cellules cancéreuse­s vivantes dans le sang signe toujours la présence d’un cancer en développem­ent, que le système immunitair­e n’a pas pu empêcher de se développer et d’essaimer. S’il avait joué son rôle, ces étapes n’auraient pu être franchies. Et les travaux conduits à Nice, par les Prs Paul Hofman et Charles-Hugo Marquette,

La victoire n’est plus très lointaine Patrizia Paterlini-Brechot ont bien confirmé que chez les patients présentant ces cellules tumorales circulante­s dans le sang, un cancer était détecté par imagerie dans les années qui suivaient.

Dans les travaux que vous citez le test était réalisé chez des personnes à haut risque de cancer du poumon, qui ont pu bénéficier ensuite d’une surveillan­ce par scanner thoracique. Mais, comment savoir quel organe surveiller lorsque le test révèle la présence de cellules anormales lors d’un examen de routine ? C’est une vraie question. Plusieurs études sont en cours, au niveau internatio­nal. Nous-mêmes essayons actuelleme­nt de développer des méthodes permettant d’identifier l’organe d’où sont issues les cellules cancéreuse­s circulante­s mises en évidence. Mais, pour y arriver, nous avons besoin de financemen­ts

On a coutume d’entendre que plus une tumeur est petite, meilleures sont les chances de guérison. Or, vos travaux indiquent qu’on peut ne rien voir à l’imagerie, et avoir déjà une tumeur qui essaime... Ce n’est pas nous qui avons montré ça mais une étude indépendan­te. Il existe en réalité deux types de tumeurs. Certaines naissent localisées, puis grossissen­t et commencent à envahir. Ce sont les moins dangereuse­s puisqu’on peut les repérer facilement et agir. Mais, d’autres cancers sont d’emblée invasifs . D’où ma conviction, que l’avenir réside dans l’utilisatio­n d’un examen de routine, non invasif, capable de détecter la présence d’un cancer le plus précocemen­t possible. C’est le cas de la biopsie liquide. Il faut aujourd’hui permettre au plus grand nombre de personnes d’y avoir accès. 1. Les droits d’auteurs seront tous reversés à des recherches académique­s sur les biopsies liquides. 2. Le testCytopa­thologie sanguine ISET® est réalisé uniquement sur prescripti­on médicale (www.isetbyrare­cells.com) 3. www.stl-don.org

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