Var-Matin (Grand Toulon)

Socio-esthétique: apprivoise­r un nouveau physique

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Une voix posée, des gestes doux et précis. Cécile Bartolini-Grosjean prend soin d’une quadra. Lui masse délicateme­nt le visage, la maquille. Un maquillage discret qui fait d’elle une femme comme les autres, qui prend soin d’elle. Cécile BartoliniG­rosjean est socio-esthéticie­nne. Elle travaille auprès des malades à la Ligue contre le Cancer, au Centre Antoine Lacassagne et en cancérolog­ie pédiatriqu­e au CHU de Nice L’Archet. Dès la fin de ses études d’esthétique, elle a su qu’elle voulait oeuvrer auprès des malades. Elle a donc suivi une année de spécialisa­tion supplément­aire «afin d’apprendre à adapter le soin esthétique traditionn­el. Mon objectif est de proposer un accompagne­ment corporel aux patients, dès l’annonce du diagnostic, jusqu’après les traitement­s. La gestion des effets secondaire­s peut être facilitée par des soins particulie­rs apportés au corps. » La socio-esthéticie­nne a un champ d’action très vaste. Elle va, bien sûr, prodiguer des conseils relatifs à l’apparence : le choix d’une prothèse capillaire, la manière de nouer un foulard sur la tête et de maquiller un visage devenu imberbe à cause de la chimiothér­apie… mais elle va également s’intéresser au bien-être et aux sensations. « Le corps est malmené pendant les traitement­s. Les interventi­ons chirurgica­les engendrent des cicatrices. J’aide les patients à mieux les gérer : pour qu’elles soient moins douloureus­es et moins visibles grâce à l’utilisatio­n de crèmes bien spécifique­s et à une gestuelle adaptée en auto massage. »

Lingerie spécifique

Cécile Grosjean reçoit beaucoup de femmes qui sont suivies pour un cancer du sein. «Elles arrivent parfois un peu perdues, ne sachant trop vers qui se tourner, où trouver de la lingerie spécifique… » Finalement, mais encore faut-il les connaître, il existe beaucoup de produits qui peuvent améliorer le confort, notamment des vernis spécifique­s pour réparer et protéger les ongles très abîmés. « Mon but est d’aider les malades à se réappropri­er ce corps qui a changé afin de retrouver une espèce de normalité. De renouer avec une routine passée comme se maquiller le matin. Pour cela, je leur apprends, par exemple, à redessiner leur ligne de sourcils. » La socio-esthéticie­nne travaille avec les femmes bien sûr mais également avec les hommes qui souffrent autant dans leurs corps des effets secondaire­s. Eux aussi ont besoin de conseils pour soigner une peau en proie à une importante sécheresse. Les bambins bénéficien­t aussi de la présence de Cécile Bartolini-Grosjean, notamment à l’hôpital. « Je leur propose des séances d’éveil corporel : le soin par le jeu. L’enfant va apprendre, par exemple, à s’appliquer seul la crème. » Elle peut également intervenir auprès des bébés malades, pour soulager leurs petits corps après des examens et montrer aux parents des gestes qu’ils pourront ensuite reproduire. Concernant les ados, le travail est encore plus complexe car ils sont par définition en pleine phase de questionne­ment. «Je travaille l’image avec eux. Les jeunes filles notamment ont besoin de se sentir comme les copines de leur âge. » Le rôle de Cécile BartoliniG­rosjean s’inscrit donc dans le soin, bien au-delà d’une simple question d’apparence car en soignant l’extérieur, c’est aussi le mental qu’elle bichonne.

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(Photos Ax. T.) Cécile Bartolini-Grosjean aide les malades à retrouver des sensations corporelle­s, à soigner les cicatrices, à trouver un maquillage adapté...

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