Var-Matin (Grand Toulon)

Le dessert en entrée

Match le plus attendu du Tournoi, le « Crunch » doit permettre aux Bleus de s’étalonner, deux mois après avoir mesuré face aux Blacks (19-24) le chemin qui reste à accomplir vers le redresseme­nt

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Il existe plat plus digeste que le « Crunch » pour entamer le deuxième Tournoi des six nations de l’ère Novès et tenter de rééquilibr­er le bilan déficitair­e (quatre victoires pour six défaites) depuis la prise de fonctions du sélectionn­eur, après le fiasco de la Coupe du monde 2015. Car ce XV de la Rose a, lui, retrouvé tout son éclat depuis, justement, la déroute du Mondial à domicile. Redevenu piquant sous la houlette du gourou australien Eddie Jones, qui a pu cependant s’appuyer sur un socle plus solide que Novès, il a ainsi aligné treize victoires de suite pour se hisser au deuxième rang mondial -- quatorze en tout avec le dernier match de la Coupe du monde. Et se présenter, dans son antre de Twickenham, gonflé de certitudes et tous muscles dehors sur la route d’un deuxième Grand Chelem consécutif.

Le podium, une éternité

Des certitudes, les Bleus commencent à en acquérir quelques unes après être repartis quasiment de zéro il y a tout juste un an. Leur projet de jeu résolument tourné vers l’offensive, la prise de risques et le mouvement, leur permettra, à terme, de faire mieux que tenir tête aux meilleures nations mondiales. A l’automne, malgré les revers face à l’Australie (23-25) et la Nouvelle-Zélande (19-24), double championne du monde en titre, les Tricolores ont regagné le coeur d’un public à nouveau enthousias­te. Mais qui n’a donc toujours pas vu son équipe triompher des meilleurs. Ce qui commence à devenir un peu plus pressant, après une première année passée à bâtir les fondations et au moment d’aborder un Tournoi périlleux (déplacemen­ts en Irlande et en Italie), dont le podium n’a plus été fréquenté par la France depuis… 2011. Fidèle au refrain rabâché depuis un an, Novès espère simplement ce soir voir « l’équipe de France rivaliser, comme elle a su le faire face à l’Australie ou la Nouvelle-Zélande. Si c’est le cas, on confirmera que notre équipe se rapproche des meilleurs et on pourra commencer à croire en l’avenir ». Yoann Maestri s’est montré moins prudent, clamant cette semaine qu’il fallait désormais des « résultats ». Surtout, a abondé l’entraîneur des avants Yannick Bru, face à « des nations majeures pour que tout le reste (le projet de jeu, NDLR) continue à exister ».

Jones promet « la guerre »

Puisque la victoire est le seul ciment de la confiance, les Bleus peuvent-ils engranger une bonne dose d’assurance à Twickenham, où ils ne se sont plus imposés depuis des lustres dans le Tournoi (voir chiffre ci-dessous)

Cela ressembler­ait à un exploit. Pour l’entrevoir, Novès, privé de son leader d’attaque Wesley Fofana, n’a « pas l’intention de fermer le jeu » et a donc aligné des demis amateurs d’espaces, Camille Lopez et Baptiste Serin. Avant d’aspirer au grand large, il faudra d’abord batailler, au sol et dans les airs. Eddie Jones, qui en 2017 n’a perdu son goût du bon mot, a ainsi prévenu que ce serait « la guerre ». Les Bleus ne seraient pas forcément conscients de ce qui les attend, à écouter Novès. Mécontent du nombre de « ballons tombés » cette semaine à l’entraîneme­nt, il a ainsi exhorté ses joueurs à « prendre conscience » qu’ils allaient « taper sur du dur ». Dans le cas contraire, l’addition du « Crunch » pourrait s’avérer salée.

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(Photos AFP) Maestri et les Bleus vont passer un test dans le combat.

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