Opération modernisation
Fleuron de la Marine nationale, le porte-avions va s’offrir une nouvelle jeunesse. Indispensable, sa modernisation, qui s’effectue dans son port d’attache, à Toulon, devrait durer dix-huit mois
L’unique porte-avions nucléaire français entre ce mois-ci en « arrêt technique majeur » à Toulon. On vous dit tout sur ce qui l’attend lors de ces travaux monstres.
La comparaison est osée. Mais la base navale, et plus particulièrement la zone autour des bassins Vauban, ressemble un peu à une chambre de bébé que les parents préparent avec amour en attendant l’heureux événement. Depuis quelques semaines, de la peinture bleue est apparue un peu partout. Ce sera un garçon. Le berceau, lui, est fin prêt. Et quel berceau ! Plus de 270 m de long, pour 46 m de large et 14 m de hauteur… Vous l’aurez deviné : le « bébé » en question n’est pas tout à fait comme les autres puisqu’il s’agit du Charles-de-Gaulle.
Après, crises internationales obligent, avoir vécu ces deux dernières années l’une des périodes les plus intenses de son existence, l’unique porteavions nucléaire français a besoin, non seulement de se refaire une beauté, mais qu’on lui offre une seconde jeunesse. Une modernisation de grande ampleur qui lui permettra de rester pour les vingt ans à venir une formidable machine de guerre.
Une zone Vauban méconnaissable
Le « papa » de ces transformations dans la base navale de Toulon est le capitaine de frégate Philippe (1), coordinateur local des soutiens dédiés au Charles-de-Gaulle. Depuis mi-2015, il travaille à la réorganisation, l’adaptation du port militaire à un chantier hors normes. Certes le retour d’expérience du premier grand carénage a été utile, mais « il faut parfois réinventer la roue », admet le commandant Philippe. S’appuyant sur « une grille d’analyse militaire », tout a été pensé pour que les différents corps de métiers puissent travailler dans les meilleures conditions, avec comme unique objectif : la réussite de la refonte du Charles-de-Gaulle. Les abords immédiats du bassin de radoub ouest, le « nid » que le porte-avions devrait gagner dans le courant de la semaine prochaine, ont considérablement changé. Si la grue géante 10B fait partie du paysage depuis l’été dernier, des bâtiments éphémères ont poussé depuis. C’est le cas du Grand Charles, le restaurant qui servira les repas aux quelque 2 000 ouvriers et techniciens attendus sur le chantier (lire par ailleurs). Carrément dans la zone protégée, au plus près du bateau, la Structure mutualisée de coordination (SMUC), un impressionnant empilement de préfabriqués, concentrera la matière grise. En face, trois autres étages de constructions modulaires ont été installés et serviront de vestiaires à l’équipage du porte-avions. Moins visible, mais tout aussi important, il a fallu repenser le transport et le stationnement autour de la zone Vauban. « La fréquence et les dessertes des bus du réseau Mistral, qui circulent à l’intérieur de la base, ont été adaptées. Quant au stationnement, il a fallu créer de nouveaux parkings ou en réserver d’autres aux personnes intervenant directement sur le chantier. Cela demande un effort de tous. Des réunions publiques d’information ont été organisées, 27 000 flyers ont été imprimés pour expliquer les contraintes de ce chantier », détaille le commandant Philippe. Dans 18 mois, «quand les esprits seront tournés vers les essais », il faudra alors penser à la remise en état, à la déconstruction de l’éphémère.
1. Pour des raisons de sécurité, l’identité complète des militaires n’est plus donnée.