Un crunch plein de regrets...
Inconsolable après-match, le capitaine toulonnais de l’équipe de France a encore beaucoup donné, en vain finalement. Il supporte de plus en plus mal ces échecs à répétition...
Il a gravi tous les échelons du rugby français un à un et il ne lâchera rien si près du but ! Mais que la dernière marche qui doit ramener l’équipe de France au sommet du rugby mondial est dure à négocier. Battu de 3 points par l’Australie, et de cinq seulement en novembre face à la Nouvelle-Zélande, Guilhem Guirado a encore perdu d’un rien hier face au XV de la Rose... D’autres que lui pourraient s’en contenter. Car l’Angleterre qui surfe sur une impressionnante série de victoires depuis son échec en coupe du monde (15 à ce jour) et projette même de battre le record établi récemment par les All-Blacks (18) semblait intouchable avant match. Elle jouait de surcroît dans son jardin... Mais le capitaine des Bleus en a vraiment marre d’enchaîner les échecs (six défaites en neuf matches sous son capitanat). N’en peut plus d’avoir des regrets : «A la sortie, ça fait encore une défaite alors qu’on a tout donné. J’espère qu’il y a aura des jours meilleurs. Car là, c’est dur, ça commence à faire beaucoup...» expliquaitil au micro de France 2. La déception : voilà le seul sentiment qui animait le talonneur international du RCT hier au coup de sifflet final à l’issue d’un match pourtant très encourageant pour les Bleus.
A force d’enchaîner sans compter...
Marre de relever les bons points dans la défaite, même pas envie de féliciter ses coéquipiers alors qu’il aurait pu légitimement ressentir un certaine fierté d’avoir ainsi réussi, avec eux, à faire trembler cette fameuse équipe d’Angleterre. Guilhem semblait juste dépité, inconsolable et son épouse Johana et la petite Maylis auront sans doute bien du boulot cette semaine pour lui remonter le moral. Car il y a quelque chose d’Anglo-saxon dans ce pur Catalan. Une fierté qui l’oblige toujours à viser plus haut, une rigueur qui doit l’amener encore plus loin, un niveau d’exigeance qu’on ne prête pas forcément aux Latins. Jusqu’où peut-il ainsi courir ? Jusqu’à la victoire évidemment. Il la mérite tant. Mais le risque de le voir imploser un jour prochain existe aussi bel et bien. Car Guirado a beau être doté d’un physique particulièrement robuste (1,83 m pour 106 kg), il n’en reste pas moins un homme qui à force d’enchaîner sans jamais compter se rapproche forcément d’un point de rupture.
Premier au soutien
A chaque fois qu’on évoque ses cadences infernales avec lui, Guilhem répond invariablement qu’il s’entraîne justement pour pouvoir enchaîner les compétitions... Et nous renvoie gentiment à nos interrogations. Mais sa constance dans l’effort, son abnégation sans faille et semble-t-il sans limite, ne cesse de nous inquiéter... Hier encore au four et au moulin, on l’a vu souffler les mains sur les genoux dès la demi-heure de jeu. Mais hier encore, Guilhem a tout donné pendant 71 minutes, sans jamais flancher. On l’imaginait fatigué après un mois de janvier particulièrement chargé avec le RCT, on l’a vu le premier au soutien de Vakatawa ou Spedding qui venaient pourtant de traverser le terrain. On le pensait émoussé après avoir été chaviré par Nathan Huges en seconde mi-temps, eh bien on l’a encore retrouvé, au sacrifice, dans les pattes du puissant troisième ligne à l’heure de jeu. Toujours exemplaire même si hier c’est plutôt le trio Picamoles, Vakatawa, Spedding qui a mis les Bleus dans l’avancée. Toujours à fond, ça va de pair. Et rarement pris en défaut (un seul lancer en touche manqué hier au quart d’heure de jeu). Depuis le dernier Tournoi des six nations, c’est simple, Guilhem a tellement donné qu’il a même gagné le respect des Anglais. Mais, de ça, il se fout éperdument bien sûr. Encore plus aujourd’hui sans doute, même si la logique voudrait qu’il renoue très bientôt avec le succès et qu’il soit enfin récompensé de son total investissement.