Var-Matin (Grand Toulon)

Le vendredi  décembre , l’insurrecti­on républicai­ne qui fait suite au coup d’état du futur Napoléon III (-) gagne le Var. Les insurgés de Brignoles placent à leur tête le docteur Barbarroux.

- CHRISTOPHE MEURET

En 1851, le docteur Jean Joseph Antoine Marcel Barbarroux (1803-1871) est un médecin aimé de tous, un médecin qui ne demande rien pour ses consultati­ons, qui laisse sur la cheminée l’argent nécessaire à ses ordonnance­s. Entre 1840 et 1849, il est membre du conseil municipal de Brignoles. Le 2 décembre 1851, Louis-Napoléon Bonaparte premier président élu de la IIe République fait un coup d’état, pour se maintenir au pouvoir. S’ensuit de nombreuses arrestatio­ns de députés, de généraux. La presse est muselée. L’événement déclenche très vite un soulèvemen­t populaire dans une trentaine de départemen­ts dont le Var. Camille Duteil (1808-1860), journalist­e marseillai­s, arrive à Brignoles dans la nuit du 4 au 5. Il vient d’échapper à une arrestatio­n. Avec quelques personnes réunies au café du Cours, il investit la mairie. On installe une commission municipale révolution­naire, à sa tête on place le docteur Barbarroux: «une personne au caractère doux mais inébranlab­le, dont l’abord glacial cache un coeur ardent, et des conviction­s profondes». Une garde est constituée. Des postes sont mis en place autour de Brignoles : au pont Notre-Dame, aux Capucins, au pont des Augustins, à la porte du Luc, etc. Mais une armée de répression, la colonne Travers-Pastoureau, reprend les villages les uns après les autres. Elle atteint Brignoles le lundi 8. Le conseil municipal insurgé est renvoyé.

Exil et déportatio­n

La dernière bataille a lieu le 10 décembre contre une colonne militaire venant de Draguignan: c’est la bataille d’Aups. Les captifs sont enchaînés deux à deux sur des charrettes. Il est interdit de leur donner à boire. Trente-cinq Brignolais sont mis sous surveillan­ce policière, six en exil sont condamnés, parmi eux le docteur Barbarroux; trois sont déportés en Algérie et trois autres passent devant le tribunal correction­nel. Le docteur Barbarroux s’exile à Nice, alors ville italienne. Toujours au chevet de malades, il aidera les Français chassés par l’Empire. Le 4 septembre 1870, à l’issue de la guerre franco-allemande, la IIIe République est proclamée. Les Brignolais informés dans la nuit du 5 au 6 portent la nouvelle au docteur Barbarroux. Il va retrouver sa ville natale. Il y décède en mars 1871 alors qu’il vient d’être élu député du Var de la gauche radicale lors des législativ­es de février. En 1895, la «rue des Augustins», est rebaptisée «rue Dr. Barbaroux.» Son nom est alors orthograph­ié avec 2 «r» au lieu de 3.

 ?? (Photo DR) ?? Les Brignolais ont rendu hommage au médecin, qui aidait les pauvres et défendait la République, même s’ils ont oublié un « r » lors du baptême de la rue qui porte son nom : la rue du Dr Barbaroux.
(Photo DR) Les Brignolais ont rendu hommage au médecin, qui aidait les pauvres et défendait la République, même s’ils ont oublié un « r » lors du baptême de la rue qui porte son nom : la rue du Dr Barbaroux.

Newspapers in French

Newspapers from France