NOS TRÉSORS
Des petites fioles, exposées à la mairie de l’Escarène, ont été reconstituées à partir de débris de verre trouvés lors de fouilles, en l’église St-Pierre-aux-Liens. Elles ont probablement servi à l’exercice du culte
En 1983, la ville de l’Escarène dans l’arrière-pays niçois lance une opération de réhabilitation de son église Saint-Pierre-aux-Liens. Construite dans un premier temps au XVe siècle, et en partie détruite par les différents conflits entre la France et les souverains de Savoie-Piémont, elle a été reconstruite dans sa configuration actuelle au XVIIe siècle par Giovanni Andrea Guiberto, architecte niçois (1609/1684) et ses successeurs. Lors de la démolition de la voûte de l’une des chapelles latérales, les ouvriers remarquent, mélangés aux gravats, d’infimes fragments de verre très fins, vaguement teintés et présentant une grande variété de courbures et de formes – panses, cols, petits conduits, anses etc. Des bouts de verre qui n’auraient peut-être pas attiré l’attention si une pièce de monnaie en bronze n’avait pas été également mise au jour. Très usée, on y percevait quand même les lys de la couronne de France, une date -1638 - et les trois lettres N.A.V. Georges Trubert, l’archéologue - aujourd’hui décédé - chargé du suivi du chantier a conclu que ces trois lettres signifient probablement de Navarre. Il s’agissait donc vraisemblablement d’une pièce de monnaie frappée Louis XIII. De là, à en déduire que les débris de verre émanaient également de cette époque, il n’y avait qu’un pas !
Des objets cassés volontairement conservés dans l’église
Fort de cette découverte, Georges Trubert a entrepris un tamisage minutieux de la zone afin de rassembler le maximum de fragments. Une fois recueillis, ils ont été envoyés au laboratoire d’archéologie médiévale de la faculté d’Aix-en-Provence, afin de tenter un remontage. En quelques semaines, deux délicates fioles de verre d’une grande élégance furent reconstituées. Consultés, les historiens de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC), ont émis l’hypothèse qu’il s’agissait de burettes assez rares, destinées au culte. Elles pourraient provenir des verreries d’Altare dans la région génoise. Au XVIIe siècle, elles fournissaient les objets de messe. Ils ont avancé que ces fioles avaient sans doute été brisées accidentellement. Et comme à cette époque, les objets consacrés au service divin ne pouvaient pas être jetés hors du sanctuaire, les débris avaient été abandonnés sur place. Le mystère demeure sur ce qu’elles ont pu contenir. Des fragments de crucifix et une cruche très fragmentée et incomplète, ont également été découverts dans le mur d’une autre chapelle, au sein de l’église Saint-Pierre-aux-Liens. Ils pourraient conforter cette hypothèse. L’ensemble de ces objets sont exposés à la mairie de L’Escarène qui, en tant que propriétaire, en assure la garde.
Sources : Revue N° 10 du Cercle d’Histoire et d’Archéologie des Alpes-Maritimes. Remerciements à Mme Cagnazzo, présidente de l’office de tourisme de l’Escarène.