Var-Matin (Grand Toulon)

À Nice: tout sur la Dame du Cavillon enterrée il y a  ans

- ANDRÉ PEYREGNE

u mois de mars 1880, Nice s’apprête à lancer ses régates d’hiver, placées sous la présidence du Prince de Galles. L’événement est d’importance. Les journaux parisiens délèguent leurs envoyés spéciaux. C’est l’occasion, pour le journalist­e du magazine parisien l’Illustrati­on ,dedécouvri­r le bonheur des séjours d’hiver à Nice. Il décrit ses impression­s dans le numéro du 13 mars 1880. « La ville de Nice est assise au bord de la mer, au fond d’une belle et large baie figurant à peu près un arc de cercle. Le lit d’un torrent la partage en deux villes: la vieille et la neuve. Le lit de ce torrent si connu, le Paillon, a presque la largeur de la Seine et il est à peu près sec toute l’année. Au retour de la campagne d’Italie, nos soldats ont eu un très beau banquet dans le litmême du Paillon. Cependant, à la fonte des neiges, après une pluie abondante sur les montagnes, ce lit de pierres s’emplit brusquemen­t d’eaux torrentiel­les qui se précipiten­t dans la mer avec une fureur à laquelle celle-ci semble vouloir résister. On voit alors, en l’espace de quelques minutes, la mer se colorer sur une surface de plusieurs kilomètres d’une nuance jaunâtre qui contraste avec l’azur habituel de ses flots.»

Sous la mitraille des confettis

Venons-en aux distractio­ns. En premier lieu le Carnaval, qui a été créé quelques années plus tôt, en 1873. «C’est dans la vieille ville, située sur la rive gauche du Paillon, que se trouve la «Promenade du Cours» où, pendant le carnaval, se livrent avec le plus d’acharnemen­t, les batailles à coups de confetti. Des chars garnis de banderoles et de feuillages s’avancent lourdement comme les éléphants de Pyrrhus (1). Ils s’arrêtent devant la Tour de Visconti (2), et une lutte acharnée s’engage. Les combattant­s ont abaissé leur visière, sorte de grillage en menus fils de fer qu’on vend pour la circonstan­ce. De petits bouquets, des confettis, des faginoli (haricots secs), des papillotes, des pralines montent, descendent, se heurtent, crépitent comme la grêle sur les armures des chevaliers. Il pleut des épigrammes, il jaillit des sarcasmes. La mitraille jetée d’en haut, lancée d’en bas à pleines mains, à pleins sacs se répand dans l’air ainsi que des flèches chez les Parthes(3). » Mais Nice présente aussi des distractio­ns moins «populaires » que le Carnaval. Pour cela, il faut se rendre du côté de la Promenade des Anglais. « La ville moderne se développe le long de la rive droite du Paillon. Le jardin public qui date d’une trentaine d’années et est planté de magnifique­s palmiers et arbres rares, est chaque jour le rendez-vous de la foule élégante, µsurtout quand la musique s’y fait entendre. Là commence la Promenade des Anglais, large de 26 mètres, longue de 2 kilomètres.

Le coup de canon de midi vide la Promenade

Durant la matinée, les oisifs, les délicats, les invalides de tous les mondes et de tous les âges viennent y demander au soleil la force et la chaleur. C’est l’heure des gens sérieux et des jolies frileuses. Mais au coup de canon de midi, chacun rentre chez soi et la promenade devient déserte. Administra­tion, préfecture, poste, boutiques, tout se ferme.Vers 2 heures, le kiosque, à l’abri duquel les fanfares du 111ème de ligne et la musique municipale font entendre leurs morceaux choisis, est le rendez-vous préféré des étrangers et ce moment que la physionomi­e de la Promenade se dessine.Les élégantes mondaines, sous prétexte d’écouter la musique, se laissent admirer volontiers par les jeunes gens qui viennent familièrem­ent s’accouder aux portières des voitures. Les deux ou trois cents joyeux viveurs qui, durant la saison d’hiver, mènent à Nice une existence tout à fait en dehors, comme s’ils étaient piqués de la tarentule, s’agitent, cavalcaden­t, passent et repassent en victorias, ce qui donne un air de fête à toute cette partie de la ville. Des hôtels publics et privés, d’une architectu­re élégante, s’élèvent sur la Promenade des Anglais. Parmi ces hôtels, citons particuliè­rement le Cercle de la Méditerran­ée. Cet hôtel renferme une grande salle de bal et de concerts, des salles de conversati­on, de jeux, de lecture. » Le Cercle de la Méditerran­ée a disparu aujourd’hui. Il se dressait au début de la Promenade, proche de l’actuel Palais de la Méditerran­ée.

Il était l’un des centres de la viemondain­e hivernale niçoise que la presse parisienne découvre, semble-t-il, avec plaisir. 1- Allusion aux éléphants que le roi Pyrrus, roi d’Epire, au nord de la Grèce, utilisa pour aller combattre les Romains. 2- La librairie Visconti était célèbre à l’époque. Elle se trouvait sur le quai des Ponchettes, sur le passage du carnaval. 3- Les Parthes étaient un peuple de la Perse antique, vers 300 av. J.C. dont les archers étaient de redoutable­s guerriers. « La grotte du Cavillon au pied de la falaise des Baousse Rousse. La Dame du Cavillon », il y a  ans c’est d’abord un ouvrage. Il reprend les résultats d’une étude publiée à l’issue de recherches effectuées dans cette grotte non loin de Vintimille, en Italie. Grotte dans laquelle a été mis au jour un squelette humain, d’abord appelé l’homme de Menton, et qui s’est avéré être une dame. Elle a été retrouvée gisante au pied de la grotte, inhumée à , m sous le sol originel. Le professeur Henry de Lumley, anthropolo­gue, préhistori­en, directeur de l’Institut de Paléontolo­gie Humaine-Fondation Albert Ier, a été au coeur des recherches menées avec une équipe internatio­nale. Il donnera lui-même cette conférence.

Samedi 11 février à 11h, auditorium du MAMAC, Place Yves-Klein, Nice. Tel: 04 97 13 42 01. Entrée libre.

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(© L’Illustrati­on) (© L’Illustrati­on) Le Cercle de la Méditerran­ée le jour des régates. Au XIXe toute l’aristocrat­ie s’y retrouvait. Il n’existe plus aujourd’hui. La ville séparée en deux par le Paillon, un fleuve côtier sec durant une grande partie de l’année, mais qui se transforme en un...

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