L’annonce faite aux maris

Puisqu’aucun des prochains présidents autoproclamés ne semble susciter la faveur durable d’un corps électoral déboussolé par des élites ayant perdu le nord, le moment est venu de désigner un « candidat idéal universel ». Comme les primaires ont eu des résultats discutables et que les sondages ne sont plus pris au sérieux, le recrutement pourrait s’effectuer à l’aide d’une petite annonce

unique : « Nation démocratique mais très fière des quarante rois qui ont précédé ses cinq Républiques recherche dirigeant disert mais pas trop, ayant une haute opinion de lui-même, pas hostile au bénévolat à condition d’être nourri et logé convenablement, aussi friand de céleri rémoulade que de caviar osciètre, pratiquant, selon les régions visitées, le golf, la pétanque ou le yoga, possédant une épouse (même plus âgée que lui) n’exigeant pas d’argent de poche et portée sur le travail à domicile, aussi à l’aise au e étage d’une tour que sous les lambris d’un château du XVIIe siècle, complétant le salaire marital à l’aide de vide-greniers et d’articulets dans les médias, disposant de véhicules polluants mais de collection, d’une pilosité supérieure réfractaire à l’alopécie et – surtout – connaissant la recette miraculeuse permettant d’augmenter les dépenses publiques sans ajouter aux taxes et aux impôts ». Écrire au journal en joignant une photo de passeport, c’est-à-dire en noir et blanc et non-souriante.