«TPM a accouché d’un bébé bus à haut niveau de service»
Maurice Franceschi, président de Toulon Var déplacements, réaffirme les bienfaits du tramway. « Partout on en a construit, on a gagné en qualité de vie », martèle-t-il
Toulon Var déplacements organisait ce week-end une conférence-débat sur les « déplacements actifs, piétons et vélos ». L’occasion pour son président, Maurice Franceschi, de faire part de son hostilité au Plan de déplacement urbain (PDU) devant ses adhérents, puis devant Var-matin.
On vous sent clairement hostile au nouveau PDU voté par Toulon-Provence-Méditerranée fin . Pourquoi ? Dans tout ce qui est proposé, il n’y a pas de perspective à long terme pour le développement des modes doux (vélos, tramway, Ndlr). Ce n’est pas avec ces mesures que l’on va réduire le pourcentage d’automobilistes de %, comme le souhaite TPM. Sur le milliard d’investissement planifié, plus de la moitié est destinée à améliorer le réseau routier.L’enveloppe consacrée aux transports en commun représente «seulement» millions d’euros. J’ai l’impression que c’est un plan de régression.
L’agglomération a tout de même prévu la mise en service d’une ligne de bus à haut niveau de service (BHNS) entre La Seyne et La Garde… Sur les kilomètres couverts par le bus, , km, soit plus du quart, concernent des zones banalisées. C’est-à-dire que sur ces tronçons, les véhicules seront empêtrés dans le trafic. C’est par exemple le cas sur tout le quartier de Saint-Jean-du-Var, à Toulon. TPM a accouché d’un bébé BHNS.
Pour vous, la solution demeure le tramway ? Absolument. D’autant que près de millions d’euros ont déjà été dépensés dans l’optique de sa création. On s’est renseigné minutieusement et on s’est aperçu que ce n’était pas beaucoup plus cher que le BHNS, mais beaucoup plus attractif. Sans parler du confort…
C’est-à-dire ? Pour déplacer un nombre égal de personnes, il faudrait deux lignes de BHNS, contre une ligne de tramway. Car on s’est rendu compte, en nous basant sur les prévisions de l’Insee, que TPM avait sous-estimé l’augmentation de la population sur les dix ans à venir. Elle représentera %, contre les % sur lesquels se base le plan.
Avec quelles conséquences ? En , le réseau arrivera à saturation et il faudra créer une nouvelle ligne. À service et couverture géographique égale, le tramway représenterait un surcoût que nous avons chiffré à soixante millions d’euros à peine. Il nous permettrait de combler le retard abyssal accumulé par rapport à toutes les métropoles de taille similaire.
C’est quoi, ce retard, concrètement ? Dans les agglomérations de taille comparable, le nombre moyen de trajets, par habitant et par an, est de . C’est trois fois plus que la moyenne toulonnaise, qui est de trajets par habitants et par an. Et je ne parle pas du vélo qui représente moins de % du total des déplacements, contre à % à Nantes, Grenoble ou Montpellier.
Que préconisez-vous pour dégonfler la taille du parc automobile dans la métropole ? Il n’y a qu’avec une volonté politique de développer les modes doux qu’on changera la donne. Partout où on a mis des vélos en libre-service et des tramways, on y a gagné en qualité de vie. Certes, ce sont des investissements coûteux, mais c’est aussi moins de pollution, moins de bruit et moins d’embouteillages. Nice est passé par là, et on voit le résultat avec trajets quotidiens en tramway. On peut s’en inspirer.