Evolution des prix : « Le vrai gendarme sera le gaz de schiste américain »
Jacques Percebois, spécialiste de l’énergie, enseigne à l’École nationale supérieure des Mines de Sophia-Antipolis (AlpesMaritimes). Il dirige le Centre de recherche en économie et droit de l’énergie (CREDEN) à Montpellier.
Où en est-on au plan international ? Il y a eu un accord en novembre dernier au sein des pays de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole), ainsi qu’un accord explicite avec la Russie. Ce dernier point est essentiel, car la Russie joue un rôle important. Il faut savoir que dans le domaine du pétrole, il y a un trio de tête avec les ÉtatsUnis, la Russie et l’Arabie Saoudite. L’accord de novembre prévoit que l’Organisation des pays producteurs de pétrole doit réduire sa production quotidienne de , million de barils depuis le janvier.
Cet accord sera-t-il respecté ? Le baril était tombé très bas, en dessous de dollars, puis est remonté au-dessus de dollars. Si on prend l’hypothèse que l’intérêt des pays producteurs est de ne pas avoir des prix trop bas, on peut penser que l’accord de l’OPEP sera respecté. Quelle évolution pour le prix du baril en ? Selon moi, les prix devraient se maintenir entre et dollars. À titre personnel, je pense qu’il va être aux environs de dollars. Je ne vois pas d’envol du baril cette année. Les dernières statistiques de BP le montrent, on croule sous les réserves de pétrole. Parmi les facteurs qui vont limiter la hausse, il y a les mesures d’efficacité énergétique, et une pression de la demande modérée, même si elle repart. Le vrai gendarme sera le gaz de schiste américain.
C’est-à-dire ? Quand on extrait du gaz de schiste, on trouve également du pétrole. Et on peut légitimement penser que Trump va laisser les producteurs d’hydrocarbures produire
Comment expliquer l’augmentation récente des carburants en France ? Une des raisons de l’augmentation est la fiscalité et notamment la taxe carbone qui est passée, depuis le janvier , à , par tonne de CO contre auparavant. Ce sont donc les taxes qui ont fait monter le prix des carburants. L’incidence réelle de l’augmentation du prix du pétrole reste mesurée. D’ailleurs on est très loin des prix du baril à dollars de …
D’autres éléments à surveiller ? Le prix du dollar ! Quand l’automobiliste français regarde le prix de l’essence, il faut qu’il regarde les taxes bien sûr, mais aussi le cours de l’euro par rapport au dollar. C’est en dollars que le baril s’échange. Si le cours du dollar monte, le prix du pétrole est plus cher en Europe. Quand le prix de l’essence monte à la pompe, ce n’est donc pas seulement la faute au prix du pétrole, mais à de multiples facteurs, dont la fiscalité et le cours du dollar.