Benoît Hamon ou le come-back du PS
Sur un petit nuage, Benoît Hamon. Officiellement investi par le PS hier (lire page suivante), le candidat nouvellement désigné par la primaire a le vent en poupe. Une fois de plus dans cette campagne qui ne ressemble à aucune autre, la chose n’était ni prévisible ni prévue. Après le renoncement de François Hollande et la défaite de Manuel Valls, il était clair que les Français de gauche, socialistes ou pas, qui ont voté à la primaire, voulaient tourner la page du quinquennat. Clair aussi qu’ils s’attendaient à ce que leur candidat s’inscrive, comme le promettaient les enquêtes d’opinion, à la troisième ou même la quatrième place à l’issue du premier tour d’avril prochain. Et puis voilà que Hamon, chef des frondeurs depuis , s’est mis à monter, monter, au point de pouvoir affirmer hier, sous les applaudissements, qu’il pourrait, après tout, accéder au second rang. Surtout s’il arrive, et c’est évidemment son désir, à regrouper autour de lui, au-delà d’un PS divisé, la plus grande partie de la gauche. Notons qu’après sa victoire, Benoît Hamon n’a pas fait un seul instant de vraie ouverture à Manuel Valls. Il n’a ni recherché ni négocié son soutien. Sans doute d’ailleurs celui-ci n’aurait pas accusé réception : entre les deux hommes qui se sont livré pendant deux ans une guérilla parlementaire absolue, et plus encore entre leurs deux programmes, entre les deux socialismes, aucun des deux, discipline de parti ou pas, n’était prêt à mettre de l’eau dans son vin. D’autant que la large victoire de Hamon rendait, du moins en a-t-il décidé ainsi, ces efforts inutiles. C’est donc à sa gauche que Benoît Hamon a cherché immédiatement ses appuis : ses premières démarches ont été pour l’écologiste Yannick Jadot, et pour celui qui brandit le drapeau de la rébellion à François Hollande depuis , Jean-Luc Mélenchon. Avec cette interrogation même pas dissimulée : considérant qu’à trois, on est moins fort que tout seul, ce que négocie Benoît Hamon, c’est évidemment le retrait à son profit des deux autres candidats de la gauche. Si Jadot a l’air bien disposé, Mélenchon ne veut pas, pour le moment, signer un chèque en blanc. Il pose ses conditions avant de discuter : que le programme du candidat socialiste ne soit pas seulement «un nouvel emballage pour sauver de vieux meubles ». Mais Benoît Hamon n’aura peut-être pas besoin de lui faire la cour longtemps. Tout montre aujourd’hui que, plus jeune, plus amène, plus habile aussi – notamment en contournant la délicate question du bilan de quinquennat –, il a commencé à siphonner les électeurs de Mélenchon. D’autant qu’avec quelques propositions simples, le revenu universel et les heures par semaine, il permet aux siens, aux plus jeunes surtout, de rêver à la fin de l’asservissement au travail. Mélenchon est un tribun sans égal à gauche, mais Hamon a su trouver des arguments convaincants, si pas toujours réalistes, pour ceux auxquels il s’adresse. L’OPA du PS sur la « France insoumise » de Mélenchon a commencé. Rendez-vous dans jours.
«Plus jeune, plus amène, plus habile aussi, Benoît Hamon a commencé à siphonner les électeurs de Mélenchon.»