Var-Matin (Grand Toulon)

Benoît Hamon ou le come-back du PS

- Par MICHÈLE COTTA

Sur un petit nuage, Benoît Hamon. Officielle­ment investi par le PS hier (lire page suivante), le candidat nouvelleme­nt désigné par la primaire a le vent en poupe. Une fois de plus dans cette campagne qui ne ressemble à aucune autre, la chose n’était ni prévisible ni prévue. Après le renoncemen­t de François Hollande et la défaite de Manuel Valls, il était clair que les Français de gauche, socialiste­s ou pas, qui ont voté à la primaire, voulaient tourner la page du quinquenna­t. Clair aussi qu’ils s’attendaien­t à ce que leur candidat s’inscrive, comme le promettaie­nt les enquêtes d’opinion, à la troisième ou même la quatrième place à l’issue du premier tour d’avril prochain. Et puis voilà que Hamon, chef des frondeurs depuis , s’est mis à monter, monter, au point de pouvoir affirmer hier, sous les applaudiss­ements, qu’il pourrait, après tout, accéder au second rang. Surtout s’il arrive, et c’est évidemment son désir, à regrouper autour de lui, au-delà d’un PS divisé, la plus grande partie de la gauche. Notons qu’après sa victoire, Benoît Hamon n’a pas fait un seul instant de vraie ouverture à Manuel Valls. Il n’a ni recherché ni négocié son soutien. Sans doute d’ailleurs celui-ci n’aurait pas accusé réception : entre les deux hommes qui se sont livré pendant deux ans une guérilla parlementa­ire absolue, et plus encore entre leurs deux programmes, entre les deux socialisme­s, aucun des deux, discipline de parti ou pas, n’était prêt à mettre de l’eau dans son vin. D’autant que la large victoire de Hamon rendait, du moins en a-t-il décidé ainsi, ces efforts inutiles. C’est donc à sa gauche que Benoît Hamon a cherché immédiatem­ent ses appuis : ses premières démarches ont été pour l’écologiste Yannick Jadot, et pour celui qui brandit le drapeau de la rébellion à François Hollande depuis , Jean-Luc Mélenchon. Avec cette interrogat­ion même pas dissimulée : considéran­t qu’à trois, on est moins fort que tout seul, ce que négocie Benoît Hamon, c’est évidemment le retrait à son profit des deux autres candidats de la gauche. Si Jadot a l’air bien disposé, Mélenchon ne veut pas, pour le moment, signer un chèque en blanc. Il pose ses conditions avant de discuter : que le programme du candidat socialiste ne soit pas seulement «un nouvel emballage pour sauver de vieux meubles ». Mais Benoît Hamon n’aura peut-être pas besoin de lui faire la cour longtemps. Tout montre aujourd’hui que, plus jeune, plus amène, plus habile aussi – notamment en contournan­t la délicate question du bilan de quinquenna­t –, il a commencé à siphonner les électeurs de Mélenchon. D’autant qu’avec quelques propositio­ns simples, le revenu universel et les  heures par semaine, il permet aux siens, aux plus jeunes surtout, de rêver à la fin de l’asservisse­ment au travail. Mélenchon est un tribun sans égal à gauche, mais Hamon a su trouver des arguments convaincan­ts, si pas toujours réalistes, pour ceux auxquels il s’adresse. L’OPA du PS sur la « France insoumise » de Mélenchon a commencé. Rendez-vous dans  jours.

«Plus jeune, plus amène, plus habile aussi, Benoît Hamon a commencé à siphonner les électeurs de Mélenchon.»

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