Quelles perspectives
Difficile d’accroître encore son rayonnement quand on a réalisé une année 2016 record. La Principauté de Monaco relève le défi avec ses acteurs économiques
Les chiffres confirment l’impression. 2016 a été un très bon cru économique à Monaco. S’il sera difficile de faire mieux, la Principauté va tenter de rester à ce niveau de performance. Vendredi, le Club de l’Eco a réuni ses forces économiques autour de Jean Castellini, conseiller de Gouvernement, ministre des Finances et de l’Économie, à la résidence du Ministre d’État, pour évoquer les perspectives de 2 017.
Quel bilan tirer de ? Jean Castellini : A Monaco, on peut mesurer le succès d’une année à plusieurs facteurs : la dimension fiscale, le tourisme qui est l’un des marqueurs forts de notre attractivité, les créations d’entreprise. Quelle que soit la dimension, a été une très bonne année. Pour la cinquième année consécutive, nous devrions clore l’exercice budgétaire en excédent. Nous avons terminé à un niveau record de recettes et les principaux contributeurs sont les recettes fiscales comme la TVA, l’impôt sur les sociétés et les droits de mutation qui, chacun témoignent de notre vitalité.
Un chiffre significatif ? Aujourd’hui, les recettes fiscales représentent à elles seules ce que les recettes totales de l’État monégasque pesaient il y a trois ans. La progression a été très forte. À tout niveau. dossiers de création d’entreprises ont été déposés. C’est % de plus que l’an dernier. Au niveau du tourisme, malgré les événements tragiques de l’été, la Principauté a très bien tiré son épingle du jeu. Le revenu moyen par chambre atteint un niveau record. L’activité congrès aussi.
Quelles perspectives pour ? Au budget primitif , le niveau des recettes est de à % supérieur à celui du primitif . On se situe à un niveau élevé, mais raisonnable et réaliste. La conjoncture internationale est toujours incertaine et notre capacité à diversifier notre économie est essentielle.
Un exemple? Un des projets qui me tient à coeur est la création d’un incubateur d’entreprises que l’État conçoit actuellement en partenariat avec Monaco Telecom. Il permettra d’identifier les entreprises qui innovent et de les encourager davantage. C’est le Monaco de demain que l’on prépare en diversifiant les sources de recettes, au-delà de l’industrie, du tourisme et de l’immobilier.
Un accord d’association avec l’Union européenne est en négociation. Quels en sont les enjeux ? Il s’agirait de donner aux entreprises monégasques accès au marché intérieur européen. Cela réparerait une forme d’incohérence. Aujourd’hui, tous les produits et services issus de l’Union européenne sont bienvenus en Principauté, mais la réciproque n’est pas vraie. Le but est que nos entreprises, quel que soit le domaine où elles travaillent – et je pense aux hautes technologies, au médical ou au pharmaceutique – puissent exporter librement leurs produits au sein de l’Union européenne. Le secteur des produits et services financiers est aussi concerné. Il faudrait permettre à nos banques et gestionnaires de fonds de rayonner plus largement. Si un accord devait intervenir, les barrières seraient significativement réduites. L’accessibilité à la Principauté est un levier de développement. L’aéroport de Nice et le port de Vintimille y participent ? Ce sont deux investissements stratégiques et structurants. Une des chances à Monaco est d’avoir un aéroport international à vingt minutes, moins en hélicoptère, qui mise sur l’aviation d’affaires. Monaco représente % du trafic et plus de % du trafic affaires. Ce positionnement haut de gamme est positif pour Monaco. Comme les nouvelles liaisons directes intercontinentales. Quand on prend une participation dans un actif stratégique, c’est qu’on anticipe qu’il va se développer, qu’il y aura plus de passagers, plus de zones de commerce qui nous profiteront en retour. Cet investissement tourne sous le sens.
Et du côté italien? Le port Hercule n’est pas extensible à l’infini. Il nous faut davantage de mouillage pour les gros bateaux et Vintimille nous offrira cette opportunité. Dans un premier temps, il faudra terminer les aménagements puis faciliter les liaisons entre Vintimille et la Principauté. Et proposer des services de niveau comparable.
Monaco est aussi dans une problématique de dernier kilomètre… C’est un frein à notre attractivité. Il faut développer les solutions alternatives. En matière ferroviaire, le challenge est d’augmenter la fréquence sur la ligne Cannes-Vintimille. Le rallongement des quais à Riquier à Nice y participera. Se posera ensuite la question de l’acquisition de rames supplémentaires par la Principauté en coopération avec la région. Salariés et entreprises en bénéficieront.
Quid du téléphérique ? Celui qui se dessine est un téléphérique urbain, qui partirait du parking de dissuasion de places à l’entrée ouest au niveau du jardin exotique, vers Fontvieille et sans doute dans un second temps vers le Rocher. Le tunnel descendant a capté la moitié des flux de l’ouest. Le téléphérique, c’est la même idée avec un mode de transport écologique. C’est un partenariat gagnant gagnant entre Monaco et ses entreprises qui ont recours aux salariés de l’extérieur. Nous ne pourrions développer nos entreprises sans ces personnes. Et sans le dynamisme économique du pays, ces personnes ne se verraient peut-être pas proposer d’emploi de même intérêt.