Var-Matin (Grand Toulon)

Laurent Gounelle, apôtre du développem­ent personnel

Interview Le romancier à succès, qui se penche sur les messages des religions, dédicacera demain à La Seyne, puis livrera ses bonnes paroles pour réussir sa vie devant une salle comble à Toulon

- PROPOS RECUEILLIS PAR VALÉRIE PALA

Partir à la découverte de soi, pour vivre une existence à la hauteur de ses rêves… Laurent Gounelle ne cesse de décliner ses recettes de développem­ent personnel depuis son premier roman à messages, L’homme qui voulait être heureux, en 2008, devenu bestseller mondial. Loin des paysages exotiques auxquels il nous a plutôt habitués, c’est cette fois sur les bancs d’une église de province qu’il nous propose de trouver notre envol. Mais point de bigoteries au programme. Son héroïne, conseillèr­e en communicat­ion, va dépoussiér­er le culte pour essayer de nous démontrer - non sans quelques raccourcis - quelques vérités universell­es pour aller mieux. Demain, l’heureux 7e plus gros vendeur de livres en France livrera sa bonne parole devant 250 personnes au théâtre Colbert, à Toulon - c’est déjà complet-, à l’invitation des librairies Charlemagn­e, après une signature à la librairie de La Seyne.

Je vous retourne la question que les personnage­s de votre livre doivent se poser les uns les autres pour avancer : qui êtes-vous ? Ah, ah, ah, excellent ! Eh bien, c’est plus facile de répondre à cette question par la négative. Je ne me limite pas à mon métier d’écrivain, si valorisant soit-il, puisque je suis aussi un homme, un mari, un père. Et finalement mon identité ne se limite pas à ce que je fais, tout comme elle ne se limite pas à mes qualités intellectu­elles, physiques ou autres. Et ça ne répond pas à votre question! Si je

Jésus n’a pas voulu fonder une religion ”

ne suis pas tout ça, alors qu’est-ce que je suis ? Eh bien, j’ai envie de dire que je suis à la fois un être qui est incarné, - en effet, je suis dans ce corps au moins pour quelques décennies -, et je suis peut-être autre chose. Et là, on rentre dans le spirituel, puisque dans ce domaine, on ne peut qu’émettre des hypothèses. Donc, la question est : estce que mon âme existe indépendam­ment de mon cerveau ? C’est ce qu’on tend de plus en plus à penser aujourd’hui ().

Cela nous amène sur le terrain de la religion, sujet de votre dernier ouvrage. Avant cela, vos conférence­s sur le développem­ent personnel ressemblai­ent d’ailleurs à des prêches des temps modernes. En temps que catholique-protestant d’origine, vous avez finalement été rattrapé par la religion ? Non, parce qu’en fait, j’ai aucune éducation religieuse. Mes parents avaient deux religions très proches, mais c’était presque les guerres de religions dans la famille. C’était exclu pour mon père, protestant des Cévennes, que je suive le catéchisme catholique. Je ne pouvais pas non plus aller à l’équivalent chez les protestant­s, car on n’était pas là le dimanche. Moi, ça me confère une totale liberté par rapport à la religion. J’appartiens à aucun “club”. J’ai aujourd’hui  ans et depuis l’âge de  ans, je suis dans un parcours de développem­ent personnel, parce que j’ai alors vécu une crise profession­nelle assez forte. Je me suis retrouvé jeune cadre à la direction financière, dans une grosse boîte. J’ai compris au bout de quelques semaines que c’était pas pour moi, que je m’étais fourvoyé dans une voie et je savais plus quoi faire. J’avais pas envie de reprendre à zéro toutes mes études, donc gros choc. Ça s’est étendu à toute ma vie personnell­e : quel est le sens de tout ça ? Quel est le sens du travail ? Quel est le sens de l’existence ? Comme j’étais bourré de problèmes personnels, j’étais mal dans ma peau, je m’aimais pas, j’aimais pas les autres-, du coup, ça a été l’occasion de faire un grand nettoyage. Depuis cet âge-là, je suis vraiment passionné par la recherche de la « vie bonne », comme disaient les Grecs anciens. C’est une question qui m’obsède toujours. J’ai longtemps eu le sentiment que ma vie ne durerait que quelques décennies, puis après, plus rien. Et c’était important pour moi donc de profiter de la vie, de pas juste rester sur des rails que d’autres avaient un peu choisis pour moi, mes parents en l’occurrence. Je voulais que ma vie soit le fruit de mes choix et de mes décisions. L’essentiel de ma quête était à un niveau plus psychologi­que d’abord, pour résoudre mes problèmes et puis ensuite philosophi­que, par une spirituali­té laïque. Mais à un moment donné, j’ai été un petit peu rattrapé par la quête d’un au-delà. Parce que fils de scientifiq­ue, j’étais finalement empreint d’une vision matérialis­te de la vie.

Votre livre propose une réforme de la religion chrétienne qui rejoint le développem­ent personnel : Dieu ou en tout cas une énergie créatrice, n’existe pas dans un au-delà, mais bien en nous. Vous trouvez d’ailleurs des points communs avec le taoïsme, l’hindouisme pour définir cette religion universell­e… Oui. Quand on rentre dans des lieux de culte, les différence­s nous sautent aux yeux. Les points communs ne sont pas au niveau des pratiques, des rituels, inventés par les hommes dans le but de renforcer la croyance en une divinité. Le but ultime, c’est quoi ? C’est se libérer de l’ego, pour se connecter à quelque chose de plus grand que soi. Ce but, on l’a beaucoup oublié dans la religion chrétienne. Tous les rituels ont été inventés après Jésus. D’ailleurs Jésus ne voulait pas fonder de religion. On a fondé l’Église en se basant sur une parole prêtée à Jésus s’adressant à un de ses disciples : “tu t’appelles Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Église”. Aujourd’hui, la plupart des historiens s’accordent à dire que cette parole n’a jamais été prononcée par Jésus. Je ne dis pas ça pour le dénoncer. Juste que Jésus n’a pas voulu fonder une religion. Il s’est presque libéré de la sienne. Jésus, voulait, je pense, guider les gens dans une démarche qui ressemble presque plus à du développem­ent personnel, qu’à l’adhésion à une religion.

Le but ultime : se libérer de l’ego”

1. Il raconte l’expérience de mort imminente, vécue par le neurochiru­rgien EbenAlexan­der.

Un récit controvers­é, par certains. «Son néocortex était attaqué par une bactérie et détruit par elle (le néocortex est le siège de l’imaginatio­n). Et quand il est revenu à la vie, avec tout ce que racontent les personnes qui ont vécu des NDE (Near death experience) : ce sentiment d’avoir vécu dans la lumière, dans un état d’amour, et avec un accès parfait à la connaissan­ce… tout ce qu’il a rapporté ne pouvait pas être le fruit de son imaginatio­n, parce que l’imaginatio­n a pour siège le néocortex, et que le sien était détruit. Cela tendrait à penser que notre conscience ou âme aurait un siège autre que celui du cerveau ».

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(Photo DR/Zoé Gardeur) Laurent Gounelle : « Je voulais que ma vie soit le fruit de mes choix et de mes décisions ».

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