Var-Matin (Grand Toulon)

Il nie avoir assassiné sa vieille mère au Beausset

Devant les assises du Var, Yves Duschenes est accusé d’avoir fait le trajet Perpignan-Le Beausset et retour dans la journée, pour étouffer sa mère de 90 ans, dans un contexte de désamour

- G. D.

Yves Duschenes a-t-il tué sa mère de 90 ans, le 25 février 2010 au Beausset, autant par haine que pour toucher sa part d’héritage ? À l’ouverture de son procès pour assassinat, ce retraité de 66 ans, qui vit à Perpignan, n’a pas souhaité indiquer à la cour d’assises du Var quelle était sa position de défense, par rapport à ce qui lui était reproché. Son avocat, Me Didier Hollet, a brièvement confirmé que son client entendait nier cette accusation, comme il l’a fait depuis son arrestatio­n le 11 juin 2014.

Sans traces ni mobile apparent

De prime abord, rien n’avait semblé suspect dans le décès d’Hélène Duschenes. Elle avait été retrouvée morte, ce 25 février vers 13 heures, par l’une de ses belles-filles, allongée sur le sol de sa cuisine, avec une serviette sur le visage. Les voisines avaient pensé qu’elle avait pu tomber de sa chaise pendant son déjeuner. Les pompiers, qui avaient tenté en vain de la réanimer, avaient retrouvé ses dentiers au fond de sa gorge. Mais cela n’était pas inhabituel. Le médecin légiste avait conclu à l’absence de cause évidente de la mort. Pas de stigmates d’une strangulat­ion ou d’une asphyxie mécanique. À l’audience, il a néanmoins confirmé que le visage d’Hélène Duschenes portait des traces de violence. Si le logement paraissait avoir été fouillé, il n’y avait pas eu d’effraction et rien n’y manquait, sauf la carte bancaire de la victime. Aucun mouvement sur son compte n’avait été observé par la suite. L’affaire avait été classée, faute d’infraction.

Un aller-retour pour un assassinat

Quatre ans plus tard, alors qu’elle était confrontée à un divorce conflictue­l, Mireille Duschenes s’était confiée à l’un de ses beaux-frères : son mari Yves lui avait avoué, lors des obsèques d’Hélène Duschenes, avoir tué sa mère. Des aveux détaillés, où il lui avait dit avoir quitté très tôt Perpignan avec son fourgon, pour se rendre chez sa mère au Beausset. Il était rentré dans la villa par une portefenêt­re ouverte et avait étouffé sa mère. Il avait ensuite fouillé les meubles et pris la carte bancaire, pour faire croire à un cambriolag­e, et était aussitôt rentré à Perpignan. Il voulait ainsi assouvir la haine qu’il avait pour sa mère, une femme décrite comme dure et méchante, qui l’avait longtemps fait souffrir, parce que même s’il était le petit dernier, il était considéré

par ses parents comme le vilain petit canard de la famille.

Il avait le temps

Après avoir recueilli ces confidence­s, Marc Duschenes avait contacté ses deux autres frères et soeur, avant d’aller trouver les gendarmes. L’enquête rebondissa­nt, ceux-ci se sont attachés à vérifier qu’il était matérielle­ment possible à Yves Duschenes de faire les 853 km aller-retour entre Perpignan et Le Beausset, dans le temps imparti pour

avoir commis le crime. Dans ses auditions successive­s, Yves Duschenes a nié toute implicatio­n dans la mort de sa mère. En terme d’alibi, il ne se souvenait pas de ce qu’il avait bien pu faire quatre ans auparavant. Quant aux déclaratio­ns de son épouse, puis de sa fille, sur des aveux qu’il leur aurait faits, elles relevaient selon lui du mensonge. La cour entendra aujourd’hui celles qui affirment avoir reçu ses aveux, et d’autres membres de la famille.

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