Var-Matin (Grand Toulon)

Assassinat du Beausset : qui est vraiment l’accusé?

L’épouse et la fille de l’accusé confirment avoir reçu ses confidence­s sur l’assassinat de sa mère. Mais parlait-il de la réalité ou a-t-il raconté ce qu’il avait imaginé vouloir faire par désespoir ?

- G. D.

Ambiance étrange hier, à la cour d’assises du Var, au deuxième jour du procès d’Yves Duschenes, 66 ans, pour l’assassinat de sa mère de 90 ans le 25 février 2010 au Beausset. C’est en quelque sorte le portrait d’un Dr Jekyll et Mr Hyde qui est ressorti de l’audition à la barre de l’épouse de l’accusé et de sa fille. Toutes deux ont confirmé avoir été dépositair­es des confidence­s de l’accusé sur la manière dont il avait tué sa mère. Ce, dans les semaines qui avaient suivi les obsèques d’Hélène Duschenes. Quel crédit fallait accorder à ces aveux d’un homme dont, selon les deux femmes, le psychisme est gravement perturbé? Les experts psychiatre et psychologu­e, dont la cour entendra aujourd’hui les conclusion­s, ont peut-être une partie de la réponse.

«Aveux» confirmés

«Pour moi, tout ça ce n’est que du mensonge, des supputatio­ns», a réagi Yves Duschenes. Mireille, l’épouse, et Natasha, la fille, venaient de nouveau de livrer à la cour le récit qu’il avait fait à l’une et à l’autre, de son aller-retour Perpignan-Le Beausset dans la journée du 28 février 2010, pour tuer sa mère Hélène et maquiller le crime en cambriolag­e. Un récit assez détaillé, sur lequel les gendarmes s’étaient basés quatre ans plus tard, pour évaluer sa compatibil­ité avec les constatati­ons qui avaient été faites à l’époque. Selon eux, Yves Duschenes avait donné certains détails très précis, que seul quelqu’un qui avait été sur place le jour des faits pouvait connaître. Comme le fait que la victime avait une trace de sang sous le nez. Ou encore qu’il avait failli être surpris par sa belle-soeur, qu’il avait croisée en voiture en repartant. Cette dernière pensait l’avoir reconnu elle aussi sur le moment, mais en doutait. Elle en est aujourd’hui convaincue.

Yves Duschenes a-t-il un double?

Mireille Duschenes et sa fille ne savent toujours pas quoi en penser. Selon elles, l’accusé souffre de longue date de psychoses maniaco-dépressive­s, qui l’ont déjà conduit cinq fois à tenter de mettre fin à ses jours, et pour lesquelles il a subi des traitement­s au long cours. Mireille: «Est-ce que c’était vrai? Est-ce qu’il avait tout imaginé? On se disait que c’était possible, et en même temps qu’il n’en était pas capable. Il y a quand même des détails. On n’invente pas.» Natasha Duschenes a tenté d’expliquer à la cour la maladie de son père. «Des fois, il faisait quelque chose, mais ce n’était pas lui-même. Et quand il se réveillait une seconde après, il ne se souvenait pas de ce qu’il venait de faire, parce que ce n’était pas lui. Il y a deux personnali­tés. Quand l’autre personne prend le dessus, papa ne se souvient pas.» Croit-elle aujourd’hui en la culpabilit­é de son père? «Je garde espoir que c’est sa maladie, et qu’il porte les lauriers de quelque chose qu’il n’aurait pas fait. J’ai du mal à croire qu’il en soit capable. Pas la personne qu’il est… mais sa maladie oui.» Qu’en penseront aujourd’hui les experts?

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) L’avocat général Ahmed Chafai et l’un des gendarmes qui ont mené l’enquête, quatre ans après les faits.

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