Fin du monde et esprit BD
Leïla (Sofia Lesaffre), 16 ans, se réveille en retard comme tous les matins. Sauf qu’aujourd’hui, il n’y a personne pour la presser. Où sont ses parents ? Elle prend son vélo et traverse son quartier, vide. Tout le monde a disparu. Se pensant l’unique survivante d’une catastrophe inexpliquée, elle finit par croiser quatre autres jeunes : Dodji (Stéphane Bak), Yvan (Paul Scarfoglio), Camille (Kim Lockhart) et Terry (Jean-Stan du Pac). Ensemble, ils vont tenter de comprendre ce qui est arrivé… Mais sont-ils vraiment seuls ? Bande dessinée sombre derrière son aspect coloré, Seuls du duo Bruno Gazzotti/Fabien Vehlmann s’étale sur une dizaine de tomes depuis sa création, en 2006. Les quelque 1,4 million d’albums écoulés ont logiquement vu le 7e art se pencher sur les aventures de ce petit groupe propulsé dans un monde dénué de vie. Un concept traité de manière cartoon dans Seuls Two par Eric et Ramzy ou sous la forme d’un blockbuster hollywoodien lors du Je suis une légende, porté par Will Smith… Dans le cas présent, l’inclassable David Moreau, connu pour ses thrillers Ils et The Eye ou sa romcom 20 ans d’écart, la joue davantage film d’aventures pour ados. Et bonne nouvelle, il n’essaie pas de titiller les sagas Hunger games, Divergente ou Labyrinthe. Non, il opte pour la simplicité et insuffle dans son image une atmosphère inquiétante, contrebalancée par des petites doses d’humour et de belles relations entre les membres de ce club des six, dont les caractères auraient gagné à être moins stéréotypés. Riches, pauvres, génération « blanc/ black/ beur », l’idée est intéressante mais sous-exploitée… Le jeune casting attire l’oeil mais demeure inégal, chassant les nuances, à l’image des deux méchants simplets ou nazis, assez inexistants… Certaines séquences involontairement kitchs combinées à une libre adaptation – mais fidèle dans l’esprit – du premier cycle (sur trois), avec fin ouverte et suite plus que probable, ternissent un ambitieux projet, dopé aux références à la pop-culture actuelle. Les teenagers apprécieront. Aucun personnage n’émerge vraiment, ni au bout du compte, aucune histoire. Dommage, car la vision crue d’une Amérique à la dérive, l’excellente BO, le jeu très nature de Sasha Lane (castée dans un bar où elle était serveuse), celui, toujours un peu excessif (mais qui a ses fans), de Shia LaBeouf et la présence émoustillante de Roley Keough, petite fille d’Elvis Presley, pouvaient laisser espérer mieux. Surtout de la part de la réalisatrice des excellents Fish Tank et Red Road.