Hiver meurtrier
14 300 décès supplémentaires recensés en cinq semaines d’épidémie en France : cet hiver s’avère meurtrier, notamment en région Paca. Une bonne part des cas seraient imputables à la grippe
Alors que le virus de la grippe est particulièrement virulent cette année, le nombre de morts dans le Var a bondi fortement le mois dernier. Débordant services d’urgence et pompes funèbres, et plongeant les familles dans le désarroi.
Le spectre de l’hiver 2014/ 2015 s’est réveillé. Cette saison-là, 18 300 décès supplémentaires furent recensés en France. Et plus de 12 000 d’entre eux imputés à la grippe. Qu’en sera-t-il au final cette année? Trop tôt pour le dire. Trop tôt, aussi, pour évaluer la part de responsabilité de la grippe. Mais d’ores et déjà, une certitude : l’hiver aura été meurtrier. Les chiffres sont aussi froids que glaçants. Hier, après cinq semaines d’épidémie grippale, les instances sanitaires, à travers l’agence Santé publique France, ont recensé 14 300 décès supplémentaires au niveau national. Si cette comptabilité prend en compte toutes les causes de mortalité, le virus de la grippe fait figure de suspect n°1, d’autant plus qu’il est particulièrement virulent chez les personnes âgées. Or le Sud-Est figure parmi les premiers concernés.
Virus très virulent
« Une surmortalité est observée depuis mi-décembre au niveau national, notamment en région Paca, essentiellement chez des personnes âgées de 75 ans et plus », confirme le Dr Samer Aboukais,
médecin au service de veille santaire de l’Agence
régionale de santé. « Tant que les données ne sont pas consolidées, on ne peut pas l’attribuer à la grippe. Mais effectivement, le virus AH3N2 est particulièrement virulent, et impacte surtout les personnes âgées. » Les chiffres sont froids, mais ils sont clairs. Semaine après semaine, le nombre de décès recensés en France ne cesse de dépasser la norme : +12 % du 19 au 25 décembre, + 21 % la semaine suivante, puis + 29 %, + 28 %... Avant Noël, ce macabre taux naviguait déjà entre 18 et 23 % dans trois régions : Bourgogne Franche-Comté, AuvergneRhône-Alpes... et Paca.
Rester sur ses gardes
Dans ce contexte, la grippe apparaît comme le suspect n°1 aux yeux du corps médical. Moins pour les morts directes qu’elle provoque, que pour les dommages fatals qu’elle suscite chez des personnes vulnérables. Là encore, le parallèle avec le sombre hiver 2014/15 est tentant. « L’épidémie est similaire cette année, quoique légèrement moins sévère,
estime le Dr Aboukais. La grande différence, c’est qu’elle a démarré un mois et demi plus tôt... » Il y a deux ans, l’hécatombe sur fond d’épidémie culminait encore en février : 1 194 décès, selon l’Insee (+ 24 % par rapport à 2014). «En 2015, l’espérance de vie s’est
réduite à cause d’une surmortalité importante. Une première depuis plusieurs décennies ! », rappelle le Pr Bruno Lina, directeur du centre référence grippe à Lyon. Nous n’en sommes pas encore là. Mais le constat reste alarmant. Certes, plusieurs indicateurs semblent traduire une amorce de décrue. Mais « l’épidémie devrait durer encore deux ou trois semaines », avertit le Dr Aboukais. Plus que jamais, le respect des mesures d’hygiène apparait vital.