Le Charles-de-Gaulle en arrêt
Le porte-avions fleuron de la flotte française est entré en cale dans la « zone Vauban ». Un exercice millimétré et minutieux
Cette fois, c’est fait. Initialement prévue mardi mais reportée à cause du vent, l’entrée en cale du porte-avions Charles-de-Gaulle dans la base navale de Toulon s’est faite dans la matinée d’hier. Il y restera, inactif, dix-huit mois pour une cure de jouvence. L’opération, menée conjointement par la Direction générale de l’armement (DGA), la Marine et la société DCNS, a été amorcée dès trois heures du matin avec le remplissage du bassin.
Tout pour le Rafale
« Il va y avoir deux étapes, détaille Jean-Nicolas Wolf, chef du chantier chez DCNS. Nous allons d’abord vider partiellement le bassin pour que le bateau puisse se réfrigérer jusqu’à son arrêt total, afin d’éviter qu’il ne chauffe. Ensuite, nous viderons complètement la cuve pour démarrer le chantier en cale sèche. Ce n’est pas une semaine banale qui démarre. » D’ici six jours, les trois grues et les cent soixante entreprises concernées entreront en action. Le début des quatre millions d’heures de travail nécessaires à sa modernisation. Au menu : trois gros axes de rénovation définis par les acteurs du chantier. À commencer par le système de combat. « On va remplacer les radars de détection aérienne. Des smart-S plus puissants, à la portée améliorée », informe Lionel Saje, de la DGA. Les radars de navigation seront également changés et les coeurs de la propulsion nucléaire rechargés pour que son autonomie en mer soit maximale. Autre nouveauté, le passage au « tout Rafale », l’avion militaire du constructeur Dassault. Fini le Super Étendard. Plus grosse conséquence, une augmentation de la capacité aérienne, avec de l’espace pour stocker trente avions de chasse. « On va adapter le porteavions au Rafale afin d’optimiser son rendement », poursuit Lionel Saje. L’installation de convertisseurs 400 hertz permettra également d’accueillir les hélicoptères de type Caïman. La rénovation des deux chaufferies, une peinture neuve ou l’apparition de la fibre optique sont également programmés afin de parer le navire aux défis de l’horizon 2020. Chez les marins, on murmure que cet arrêt technique majeur numéro 2 (ATM 2) n’est pas de trop dans le contexte géopolitique actuel.