Matricide du Beausset : la parole est à la défense
Les experts n’ont pas confirmé l’hypothèse d’une double personnalité, qui aurait pu conduire l’accusé à fabuler en inventant l’assassinat de sa mère. L’avocat général a requis vingt-cinq ans
Devant la cour d’assises du Var, vingtcinq ans de réclusion criminelle ont été requis hier soir contre Yves Duschenes, 66 ans, pour l’assassinat de sa mère de 90 ans, le 25 février 2010 au Beausset. Dans le box, l’accusé a continué à nier ce crime, affirmant n’avoir pas quitté son appartement de Perpignan ce jour-là, sans pouvoir fournir d’alibi vérifiable sur son emploi du temps.
Il n’y a pas deux Yves Duschenes
L’accusé était-il bipolaire, comme le soupçonnaient ses proches, et capable d’avoir imaginé l’assassinat de sa mère pour le raconter ensuite, avec force détails, à son épouse et à sa fille ? Les conclusions des experts n’ont pas apporté d’éclaircissements à ce sujet. Pour le psychiatre, Yves Duschenes était indemne de troubles psychiques ayant aboli ou altéré son discernement. Son dossier médical attestait d’hospitalisations et de soins pour « un syndrome anxio-dépressif grave et caractérisé ». L’expert psychologue n’a pas davantage décelé chez l’accusé de dédoublement de personnalité, ni de pathologie, mais « une propension au déni, à occulter des événements ou expériences qu’il a pourtant vécus ».
La main tendue de la famille
Seul de la famille à s’être porté partie civile, « pour avoir accès au dossier », Marc Duschenes, le frère cadet, a indiqué à la cour qu’il ne demandait pas de dommages et intérêts. « Je l’ai fait pour défendre la mémoire de mes parents, et pour que notre famille puisse connaître la vérité. S’il est coupable, on voudrait qu’Yves le dise. S’il garde ça pour lui, il ne pourra jamais se reconstruire. Nous sommes prêts à l’aider. »
Le grand tabou
Pour l’avocat général Ahmed Chafai, les aveux d’Yves Duschenes à ses proches « ont été validés par l’enquête et l’information judiciaire ». Il s’est fondé notamment sur un élément matériel qui concernait le trajet Perpignan-Le Beausset, 853 km aller-retour, que l’accusé niait désormais avoir effectué pour aller tuer sa mère le 25 février. Les facturettes de carte bancaire indiquaient qu’un plein de 56 l de gas-oil avait été fait dans sa fourgonnette le 23 à Perpignan, et qu’un autre plein de 49 l avait été effectué le 26, dans la même station. « Yves Duschenes est incapable de dire où il est allé, et comment il a consommé ces 50l de gasoil qui manquent. » Au surplus, l’avocat général estimait que sa thèse de défense était ruinée par le fait que sa belle-soeur était convaincue de l’avoir croisé en voiture, près de la maison de sa mère le jour du crime. Pour avoir « brisé le grand tabou, celui de donner la mort à la personne qui lui a donné la
vie », il a requis vingtcinq ans de réclusion « minimum ». La parole sera donnée ce matin à Me Didier Hollet, pour la défense d’Yves Duschenes.