la grippe suspect n°
Pompes funèbres : « Nous savons faire face à ce genre de situation»
C’est vrai qu’il y a un surcroît d’activité, on est tous surbookés! Essayez de rappeler en fin de journée ou demain. » Difficile, hier, de trouver un interlocuteur disponible dans le secteur des pompes funèbres pour commenter le pic de mortalité hivernale. Comment cette surmortalité de janvier a-t-elle été ressentie sur le terrain? Un tour d’horizon dans le département permet de faire apparaître de véritables disparités d’un bout à l’autre du département.
Relative stabilité du côté de Toulon
Ainsi, le directeur des agences Pascal Leclerc – de Aubagne à Hyères – n’a pas observé d’inflation significative dans l’aire toulonnaise, à l’instar des services de l’état civil de la ville-préfecture (lire page précédente ).« Il faut prendre les chiffres avec prudence», fait observer
Frédéric Exposito. Les quelques pourcents de hausse observés par cette entreprise en janvier pourraient même correspondre à une certaine forme de rééquilibrage : « Le mois de décembre a été plus calme», relativise-t-il, au sortir d’une cérémonie funéraire. Ce professionnel au contact des familles endeuillées n’a pas non plus le sentiment que la grippe aurait fait plus de ravages que d’habitude.
«Effervescence» au crématorium de Cuers
En revanche, au crématorium de Cuers, inauguré en 1992, on parle « d’effervescence » : le directeur a même « remis les gants et la blouse »
pour prêter main-forte. «On n’en est pas encore aux statistiques, mais il y a eu plus de décès, donc plus de crémations, résume M. Salazar. Janvier reste un mois où il y a traditionnellement un pic, mais ça a été plus compliqué cette année, on a dû et on a su s’adapter. On s’est même rappelé, dans une moindre mesure, de l’époque de la canicule de 2003 où la demande avait été plus forte, de juin à septembre. »Audelà de cette comparaison, il est là encore difficile d’attribuer le phénomène de janvier 2017 à la seule grippe. « De toute façon, il va falloir s’habituer à plus d’activité dans les années à venir avec le vieillissement de la population, et la multiplication des maladies.»
De l’attente au crématorium de Vidauban
Même constat à Vidauban, chez les pompes funèbres Pianetti, où la hausse de la mortalité s’est faite ressentir. « Elle a touché plutôt des personnes âgées, entre 80 et 90 ans, et malheureusement quelques jeunes aussi», précise son directeur, Gilles Giordano. Dans l’impossibilité de pouvoir en donner les causes, ce professionnel souligne: « Depuis 30 ans que je fais ce métier, je n’ai jamais connu cela ».
Dès lors, les familles ont dû faire preuve de patience pour les obsèques.
«Lorsqu’en temps normal nous organisons une dizaine de crémations par jour, nous avons rajouté des horaires pour en proposer treize afin de satisfaire nos clients. Malgré tout, le délai pour une crémation, qui est habituellement de trois à quatre jours, est monté à huit ou neuf jours », expose M. Giordano. Ce rythme va décroître tout doucement, puisque « depuis le début de la semaine, ça se clame » a-t-il constaté.
Délais allongés dans l’est-Var La hausse de la mortalité a été ressentie également dans l’est-Var. «Les délais d’organisation [des obsèques] se sont allongés, reconnaît-on chez
Roc Eclerc (Fréjus), les horaires des crémations, un choix en recrudescence, ne sont pas extensibles. Nous sommes confrontés à la douleur des familles et on fait le maximum pour elles. Dans notre secteur d’activité,
on est habitué à faire face, un peu comme aux urgences. » Pyramide des âges, grippe… Selon notre interlocutrice, le changement d’année serait aussi une période propice à l’inflation de la mortalité. « Il y a un facteur psychologique lié à la fin d’année et à la période où l’on se souhaite les voeux. Les gens attendent… C’est un phénomène difficilement palpable.