Var-Matin (Grand Toulon)

« Si un feu se déclare, il va se propager à l’immeuble »

Sommé par la justice de mettre aux normes ses hottes aspirantes, un restaurate­ur du port envisage d’importants aménagemen­ts. Mais un bras de fer l’oppose à la copropriét­é de la frontale. Explicatio­ns

- LYLIAN CASIER lcasier@nicematin.fr

Il y a plusieurs mois, lors de l’incendie du Snack Istanbul avenue de la République, le feu s’était diffusé par les conduits jusque dans la cuisine de La Tulipe Noire. Conséquenc­e: deux jours d’arrêt maladie pour le cuisinier. Un incident qui a alarmé Temim Teboulbi, gérant de cette brasserie du port. « Tant qu’il n’y aura pas de mise en conformité des hottes aspirantes des cuisines de toute la frontale, il y aura danger d’incendie et risque sérieux de propagatio­n », alerte-t-il. Les conduits sont défaillant­s et la fumée circule d’une cuisine à l’autre. Lui a été condamné en juillet 2016 par le tribunal de grande instance pour des désagrémen­ts divers (bruit, odeurs, lumière) causés au voisinage par son établissem­ent. En plus des indemnisat­ions, M. Teboulbi a été forcé de réaliser, à la demande du syndicat des copropriét­aires du Palais de la Sinse (le nom de la frontale), une étude de faisabilit­é des deux solutions de travaux proposées par l’expert judiciaire mandaté. Une étude payée de sa poche.

« Qu’on me laisse faire les travaux ! »

« J’ai accepté la condamnati­on, sans faire appel, car ces hottes non-conformes sont un danger pour l’immeuble. Maintenant que j’ai une solution : passer par le vide-ordures, qu’on me laisse faire les travaux ! », réclame le restaurate­ur. Il a déjà engagé plusieurs milliers d’euros pour réaliser ces aménagemen­ts. « J’ai payé un bureau d’études et le désamianta­ge d’une colonne censée accueillir le conduit d’une hotte aspirante. » Montant de la douloureus­e: 17 666 euros. Sauf que Mathis gestion (1), représenta­nt du conseil syndical, lui a ordonné l’arrêt des travaux entrepris, par voie d’huissier, le 15 décembre. Le syndic lui réclame désormais, par le biais de son avocat, le versement d’une indemnité de 25 000 euros ainsi que le paiement des frais de notaire pour avoir le droit de faire passer le conduit par les parties communes, en l’occurence le vide-ordures.

Il dénonce « de l’acharnemen­t »

«C’est injuste. On s’acharne sur moi. J’ai bien une petite idée de la raison, mais je ne veux pas passer pour un persécuté. Et puis, je ne suis pas là pour critiquer mais pour insister sur le danger que représente­nt ces conduits et ces

hottes. Un danger de mort ! » À sa connaissan­ce, il a été le seul condamné de toute la frontale alors que l’écrasante majorité des hottes n’est pas aux normes, « à une ou deux exceptions près. » Parmi lesquelles le Grand café de la rade, par exemple. D’où la rancoeur du Toulonnais. Condamnati­on comprise, cette histoire lui coûterait, au total, près de 80 000 euros. « Une somme énorme», pour mettre des hottes aux normes. Une somme dont il refuse pour le moment de s’affranchir, abasourdi par son caractère exorbitant. « Pourquoi demandent-ils une telle indemnité, après tout ce que j’ai déjà payé, alors qu’il est question de sécurité ? » (1) Le cabinet Mathis, représenta­nt syndical de la copropriét­é du Palais de la sinse, ne souhaite pas communique­r « avant la fin de

la procédure » en cours contre la Tulipe

Noire.

 ?? (Photo P. Bl) ?? « Si un feu se déclenche à cause des hottes, qui sera responsabl­e ?», questionne le restaurate­ur.
(Photo P. Bl) « Si un feu se déclenche à cause des hottes, qui sera responsabl­e ?», questionne le restaurate­ur.

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