Un « guichet unique » pour les victimes de terrorisme
La secrétaire d’État Juliette Méadel inaugure aujourd’hui à Toulon le comité local de soutien aux victimes d’actes de terrorisme. Cinquante-six personnes sont concernées dans le Var
Comment accompagner les victimes d’attentats et leurs proches? Quels dispositifs d’urgence en cas d’intempéries catastrophiques ? Ces questions seront au coeur du déplacement de Juliette Méadel attendue aujourd’hui à Hyères et à Toulon. La secrétaire d’État en charge de l’aide aux victimes nous a accordé un entretien à la veille de cette visite.
Vous installez un Comité local de suivi de victimes (CLSV) d’actes terroristes à Toulon, de quoi s’agit-il ? C’est un guichet unique pour accompagner les victimes de terrorisme qui habitent dans le Var. Ces comités ont été créés par un décret du août , que j’ai pris juste après l’attentat de Nice. Ils sont un guichet unique dans le sens où ils rassemblent, sous l’égide des préfets, les acteurs de l’aide aux victimes : le ministère de la Justice, l’Assurance-maladie pour les frais de santé, les associations locales d’aide aux victimes, les différents services de l’État, les élus locaux, le fonds de garantie qui indemnise les victimes…
À quels besoins répond cette nouvelle instance dans le département ? C’est important parce qu’il y a des victimes (blessés et proches de personnes blessées ou décédées, Ndlr) dans tous les départements de France. Dans le Var en particulier, il y a personnes victimes d’attentats. Dans le détail, sont victimes de l’attentat de Nice, il y a victimes des attentats de Paris du -Novembre, et six victimes d’attentats à l’étranger. Avec ces CLSV, j’ai créé un service public d’aide aux victimes partout sur le territoire. C’est la garantie que les victimes d’attentats auront à leurs côtés, au plus près de leurs besoins, l’État pour les protéger.
Où en est-on dans les processus d’indemnisation des victimes d’actes terroristes ? Pour les attentats terroristes qui ont été commis en France ou dont ont été victimes des ressortissants français à l’étranger, ce sont dossiers d’indemnisation qui ont été ouverts par le FGTI (Fonds de garantie des victimes d’actes de terrorisme et d’autres infractions, Ndlr) depuis . Globalement, victimes et proches ont reçu des provisions ou indemnités à hauteur de millions d’euros. Pour l’attentat de Nice, ce sont dossiers qui ont été ouverts par le FGTI. C’est considérable. Il y a eu à ce jour personnes qui ont reçu un règlement financier. millions d’euros ont notamment été versés à victimes blessées et , millions d’euros ont été versés à victimes choquées. dossiers sont encore sans réglement, mais l’essentiel de ces dossiers est en cours d’examen.
Vous vous rendez à Hyères pour signer un partenariat avec les centres communaux d’action sociale (CCAS) dans toute la France. Quel public est visé ? Je vais signer, et c’est inédit, une convention avec l’Union nationale des centres communaux d’action sociale (UNCCAS, Ndlr). Cette convention vise à aider les sinistrés des intempéries. Qu’il s’agisse d’attentats ou d’intempéries comme le Var en a connues, les CCAS sont un soutien, une porte à laquelle on peut frapper, quand on a tout perdu, pour obtenir une aide financière, des vêtements ou des colis alimentaires. Au cours des cinq dernières années, le Var a été frappé par de nombreuses intempéries catastrophiques. Les CCAS lors de ces inondations ont montré qu’ils étaient un acteur incontournable pour aider les sinistrés. Nous allons mieux organiser, à l’échelle du pays, la réponse sociale, en situation d’urgence mais aussi dans la durée. Avec cette convention, je veux montrer que l’État signe un accord avec les collectivités locales sans considération partisane (la présidente de l’UNCCAS est adjointe au maire de Nice, Ndlr).
Le transfert, hier, des objets déposés en hommage aux victimes de l’attentat de Nice a suscité une controverse. Qu’en pensez-vous ? Je ne veux pas entrer dans cette polémique. Je suis en train d’élaborer un cahier des charges pour l’élaboration d’un mémorial national des victimes du terrorisme. Il ne faut pas se précipiter, il est important d’écouter les associations avant de prendre des décisions.
Vous êtes également engagée sur la question des enfants disparus. Le père de la petite Camille Chauvet n’a plus de nouvelle de sa fille enlevée par sa mère à Carqueiranne en . Suivez-vous ce dossier ? J’ai longuement reçu ce père au ministère (en janvier dernier, Ndlr), il mérite d’être aidé. Je veux que l’État soit aux côtés des parents d’enfants disparus. Il faut développer de nouveaux outils, notamment numériques. Cet axe fait partie de la feuille de route du secrétariat à l’aide aux victimes dont le décret de création a été publié [hier] au Journal officiel. Il s’agit d’une administration – et c’est une petite révolution – qui garantira, dans la durée, la mise en oeuvre du service public de l’aide aux victimes.