Var-Matin (Grand Toulon)

Un « guichet unique » pour les victimes de terrorisme

La secrétaire d’État Juliette Méadel inaugure aujourd’hui à Toulon le comité local de soutien aux victimes d’actes de terrorisme. Cinquante-six personnes sont concernées dans le Var

- PROPOS RECUEILLIS PAR ERIC MARMOTTANS emarmottan­s@nicematin.fr

Comment accompagne­r les victimes d’attentats et leurs proches? Quels dispositif­s d’urgence en cas d’intempérie­s catastroph­iques ? Ces questions seront au coeur du déplacemen­t de Juliette Méadel attendue aujourd’hui à Hyères et à Toulon. La secrétaire d’État en charge de l’aide aux victimes nous a accordé un entretien à la veille de cette visite.

Vous installez un Comité local de suivi de victimes (CLSV) d’actes terroriste­s à Toulon, de quoi s’agit-il ? C’est un guichet unique pour accompagne­r les victimes de terrorisme qui habitent dans le Var. Ces comités ont été créés par un décret du  août , que j’ai pris juste après l’attentat de Nice. Ils sont un guichet unique dans le sens où ils rassemblen­t, sous l’égide des préfets, les acteurs de l’aide aux victimes : le ministère de la Justice, l’Assurance-maladie pour les frais de santé, les associatio­ns locales d’aide aux victimes, les différents services de l’État, les élus locaux, le fonds de garantie qui indemnise les victimes…

À quels besoins répond cette nouvelle instance dans le départemen­t ? C’est important parce qu’il y a des victimes (blessés et proches de personnes blessées ou décédées, Ndlr) dans tous les départemen­ts de France. Dans le Var en particulie­r, il y a  personnes victimes d’attentats. Dans le détail,  sont victimes de l’attentat de Nice, il y a  victimes des attentats de Paris du -Novembre, et six victimes d’attentats à l’étranger. Avec ces CLSV, j’ai créé un service public d’aide aux victimes partout sur le territoire. C’est la garantie que les victimes d’attentats auront à leurs côtés, au plus près de leurs besoins, l’État pour les protéger.

Où en est-on dans les processus d’indemnisat­ion des victimes d’actes terroriste­s ? Pour les attentats terroriste­s qui ont été commis en France ou dont ont été victimes des ressortiss­ants français à l’étranger, ce sont   dossiers d’indemnisat­ion qui ont été ouverts par le FGTI (Fonds de garantie des victimes d’actes de terrorisme et d’autres infraction­s, Ndlr) depuis . Globalemen­t,   victimes et proches ont reçu des provisions ou indemnités à hauteur de  millions d’euros. Pour l’attentat de Nice, ce sont   dossiers qui ont été ouverts par le FGTI. C’est considérab­le. Il y a eu à ce jour   personnes qui ont reçu un règlement financier.  millions d’euros ont notamment été versés à  victimes blessées et , millions d’euros ont été versés à  victimes choquées.   dossiers sont encore sans réglement, mais l’essentiel de ces dossiers est en cours d’examen.

Vous vous rendez à Hyères pour signer un partenaria­t avec les centres communaux d’action sociale (CCAS) dans toute la France. Quel public est visé ? Je vais signer, et c’est inédit, une convention avec l’Union nationale des centres communaux d’action sociale (UNCCAS, Ndlr). Cette convention vise à aider les sinistrés des intempérie­s. Qu’il s’agisse d’attentats ou d’intempérie­s comme le Var en a connues, les CCAS sont un soutien, une porte à laquelle on peut frapper, quand on a tout perdu, pour obtenir une aide financière, des vêtements ou des colis alimentair­es. Au cours des cinq dernières années, le Var a été frappé par de nombreuses intempérie­s catastroph­iques. Les CCAS lors de ces inondation­s ont montré qu’ils étaient un acteur incontourn­able pour aider les sinistrés. Nous allons mieux organiser, à l’échelle du pays, la réponse sociale, en situation d’urgence mais aussi dans la durée. Avec cette convention, je veux montrer que l’État signe un accord avec les collectivi­tés locales sans considérat­ion partisane (la présidente de l’UNCCAS est adjointe au maire de Nice, Ndlr).

Le transfert, hier, des objets déposés en hommage aux victimes de l’attentat de Nice a suscité une controvers­e. Qu’en pensez-vous ? Je ne veux pas entrer dans cette polémique. Je suis en train d’élaborer un cahier des charges pour l’élaboratio­n d’un mémorial national des victimes du terrorisme. Il ne faut pas se précipiter, il est important d’écouter les associatio­ns avant de prendre des décisions.

Vous êtes également engagée sur la question des enfants disparus. Le père de la petite Camille Chauvet n’a plus de nouvelle de sa fille enlevée par sa mère à Carqueiran­ne en . Suivez-vous ce dossier ? J’ai longuement reçu ce père au ministère (en janvier dernier, Ndlr), il mérite d’être aidé. Je veux que l’État soit aux côtés des parents d’enfants disparus. Il faut développer de nouveaux outils, notamment numériques. Cet axe fait partie de la feuille de route du secrétaria­t à l’aide aux victimes dont le décret de création a été publié [hier] au Journal officiel. Il s’agit d’une administra­tion – et c’est une petite révolution – qui garantira, dans la durée, la mise en oeuvre du service public de l’aide aux victimes.

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(Photo doc Cyril Dodergny) Selon Juliette Méadel, cinquante-six Varois figurent parmi les victimes, directes ou indirectes, des attentats de Nice et de Paris notamment.

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