Stups aux OEillets : « S’installer en freelance, ça peut abréger une vie !»
Le 18 janvier, une patrouille de police qui agit sur réquisition du procureur de la République s’installe aux environs de 10 h 45 près du boulevard des Armaris à Toulon. Avec une vue imprenable sur une zone de deal. Il suffira de quelques minutes pour assister au petit manège de pros de la fumette. Un premier individu arrive, donne une accolade à un deuxième qui, d’un mouvement de la tête, lui indique une direction : un emplacement entre deux véhicules. Et voilà que le Gérard Majax de cité vient de transformer de l’argent liquide en matière brunâtre. Un tour de passe-passe stupéfiant qui se conclut inexorablement par deux interpellations : Mohamed B. (un majeur de 21 ans) et un mineur. Au total, une centaine de grammes de résine de cannabis et deux pochons d’herbe sont saisis. Présenté dans le cadre d’une comparution immédiate, le majeur a maintenu qu’il ne s’agissait pas d’un trafic, mais d’une quantité achetée « dans un quartier à quelqu’un » pour sa consommation personnelle. « Et c’était la première fois ».
« Mais c’était la première fois ! »
Quelques minutes plus tard, le président lui fait remarquer qu’il a versé 50 euros au mineur et une barrette de shit… La version de la consommation personnelle semble s’écrouler. « Mais c’était la première fois ! », répète-t-il. Pas suffisant pour faire douter les magistrats. « Vous nous expliquez que dans un quartier aussi sensible en matière de trafic de stupéfiants comme les OEillets, vous êtes venu vous installer tranquillement en freelance ? Comme ça, sur le territoire de quelqu’un ? Vous savez que ça peut abréger une vie ? » L’un des assesseurs interroge alors le prévenu : « Savez-vous ce que vous encourez comme peine ? » Mine interrogative du mis en cause. « C’est dix années d’emprisonnement Monsieur ! ». Pour le représentant du ministère public, « il y a peu de doute sur le rôle de celui-ci qui se livre à un trafic dans une cité assez connue pour cela, théâtre de faits de violences avec arme sur fond de trafic. On n’est pas dans une création spontanée d’une petite vente d’un jour ». Une peine de 18 mois (dont 9 mois ferme) a été requise.
« Les policiers en civil sont phosphorescents »
En défense, Me Lefort a classé son client dans la catégorie des pieds nickelés. « À partir de 13-14 ans dans les cités, ils savent très bien comment fonctionnent les réseaux. Les policiers en civil pour les jeunes des cités sont phosphorescents… Celui-ci n’est pas un trafiquant ! » Il a plaidé pour une peine assortie d’une mise à l’épreuve avec obligation de travailler et de se soigner. Le tribunal a prononcé 6 mois de prison et a ordonné son maintien en détention.