Dix ans de réclusion pour le matricide du Beausset
Coupable de meurtre avec préméditation. Yves Duschenes a accueilli sans sourciller le verdict de la cour d’assises du Var, hier au palais de justice de Draguignan. Ce retraité de 66 ans, demeurant à Perpignan, avait toujours nié avoir fait l’allerretour en voiture, dans la journée du 25 février 2010, pour aller étouffer sa mère de 90 ans dans sa villa du Beausset. Dans sa délibération, au moment de décider de la peine, la cour d’assises a semble-til été partagée entre la gravité du crime et la situation particulière de l’accusé, enfant non désiré et soumis aux brimades et corrections de ses parents. Il a été condamné à dix ans de réclusion, peine inhabituellement peu élevée pour sanctionner un assassinat. L’avocat général avait requis vingt-cinq ans.
La cause de la mort
Dans la défense d’Yves Duschenes, Me Didier Hollet s’est dit «touché par la vie de cet homme qui s’est vu d’entrée reprocher de vouloir vivre. Dès le départ il n’a pas fait partie de sa famille. Mais malgré ce fardeau, il est devenu quelqu’un ». Quant aux faits, Me Hollet a rappelé que l’enquête d’origine, pour rechercher les causes de la mort d’Hélène Duschenes, avait abouti à un classement sans suite. La retraitée avait été retrouvée allongée sur le sol de sa cuisine, une serviette sur le visage. « L’autopsie n’a pas trouvé de cause évidente de la mort. Il y a des traces de violence sur le visage, mais elles sont peut-être liées à une chute. Vous devez absolument retenir ce rapport d’autopsie. »
Les doutes de la défense
L’enquête avait été rouverte quatre ans plus tard, suite aux révélations de Mireille, l’épouse de l’accusé, qui affirmait avoir reçu de celui-ci l’aveu détaillé du crime, dès les obsèques d’Hélène Duschenes. « À partir de là, on a pris pour argent comptant le fait que cela s’était passé comme elle l’avait dit, et on a tout fait pour faire faire à Yves Duschenes le trajet Perpignan-Le Beausset. On a voulu refaire le film de ce qui s’est passé quatre ans avant, sur la base d’un ouï-dire. » Me Hollet ne croyait pas que l’accusé ait pu traverser le sud de la France dans le temps chronométré par les gendarmes, pour arriver au Beausset dans un créneau horaire réduit, entre le départ de la femme de ménage d’Hélène Duschenes et l’arrivée de sa belle-fille. « On ne peut pas anticiper la préméditation dont on nous parle. Toutes les personnes qui sont venues ici vous ont confié leurs doutes sur les propos rapportés par Mireille. «Le parquet vous demande de le condamner pour un assassinat qui n’existe pas. Moi je vous dis que vous ne lui ferez pas un cadeau en l’acquittant, vous ferez justice. » S’il pouvait avoir des regrets quand est tombé le verdict de culpabilité, s’agissant de la peine infligée, Me Hollet pouvait néanmoins être satisfait, au regard du maximum encouru: la perpétuité.