Var-Matin (Grand Toulon)

Michelin  : le Var sauve l’honneur de la région

L’édition 2017 du Guide Michelin a été dévoilée hier. C’est la déception pour les chefs de la Côte d’Azur, seulement quatre nouveaux « 1 étoile » et un « 2 étoiles »

- JACQUES GANTIÉ

C’est un guide plus « verrouillé » que jamais, évitant la moindre fuite jusqu’à la dernière seconde, qui a révélé hier ses étoiles 2017. La grand-messe du Michelin, avec, tout là-haut, Yannick Alléno, seul 3 étoiles (le 1947 de l’hôtel Cheval Blanc à Courchevel), que nous indiquions favori dès lundi. Bonheur sur les chics sommets enneigés et tremblemen­ts à Paris où d’autres grandes toques font grise mine… Ce qui est moins amusant, c’est le « no star » qui freine, dans notre région, Christophe Bacquié au Castellet et Bruno Ogier au Cannet, deux talents aux caps différents mais d’égale volonté, qui se consoleron­t peutêtre de découvrir qu’aucune table de province (Courchevel, c’est déjà le monde !) n’a séduit Michelin…

le Var relève le niveau en Paca

La Côte d’Azur ? S’il n’y avait pas le Var, on pourrait parler de Bérézina. Mais d’abord, les bons points… Philippe Colinet (L’Olivier), talentueux et discret, apporte une première étoile, après laquelle courait depuis longtemps La Bastide de Saint-Tropez. C’est justice. Jimmy Coutel, ancien de Thierry Tiercelin àla Villa Belrose, offre celle de la jeunesse à La Palmeraie (Château de Valmer). Voilà du nouveau ! Enfin, Benjamin Collombat

(1) a hissé la sienne (de Draguignan, Côté Rue) jusqu’aux vignes du Château de Berne (Le Jardin de Benjamin, à Lorgues). C’est l’élan tant attendu dans ce hautlieu de l’oenotouris­me. Quant à Jean-Luc Lefrançois, ancien notamment du Ritz et du Crillon ,il apporte une étoile solide et bienvenue au Château Saint-Martin (Vence), la seule nouvelle dans les Alpes-Maritimes.

Peu d’élus, beaucoup de déçus

L’autre satisfacti­on, que nous annoncions également lundi, est la deuxième étoile conservée (et apportée) par Arnaud Faye au Château de la Chèvre d’Or, à ÈzeVillage (1), venu de L’Auberge du Jeu de Paume, à Chantilly. Créativité sereine et calme attitude au grand air d’Èze. Dommage pour Yannick Franques (La Réserve de Beaulieu) qui ne retrouve pas son niveau précédent sur les hauts de Vence, ou Patrick Raingeard qui aurait pu monter encore au Cap Estel. Au royaume des déçus, il y a foule et l’heure n’est pas à la

La Badiane (SaintRapha­ël) perd son étoile

revue (un peu quand même : pourquoi pas plus à Sanjou, Dufau, Bérard, Thièche, Llorca…). Mais si un seul étoilé manque c’est bien le restaurant des frères Tourteaux à Nice. Le « cas Flaveur » ! Une nouvelle fois, on comprend mal leur absence à deux étoiles. Sans jouer les justiciers de consolatio­n on trouve ici cuisine d’horlogers, technique, créativité, goût, passion, émotion… seulement « petite maison », peu de moyens, décor et emplacemen­t pénalisant­s, service un peu long… Mais Michelin ne se fonde-t-il pas sur ces seuls critères – qualité des produits, maîtrise des cuissons, créativité, rapport qualité-prix, régularité – sans prendre en compte (officielle­ment) le décor et le service? Ouvert il y a sept ans, étoilé en 2011, Flaveur est, comme d’autres adresses modestes, à nouveau oublié sur le feu. À vous de juger un jour… en attendant 2018 ! Et puis il y a les déclassés. Dans le Var, La Badiane, de Geoffrey Poesson et Stéphane Léger à Saint-Raphaël perdent leur étoile. Quant à celle du Robur ,à Roure (Alpes-Maritimes), elle n’est pas perdue mais rendue au guide par Christophe Billau qui reprend, tout près (au col de la Couillole), La Fripounièr­e, bientôt rénovée en « Auberge Quintessen­ce » (Trente couverts et sept chambres). Enfin, un peu de politico-gastronomi­e, même expéditive. Il reste une impression d’inachevé et de déséquilib­re, comme si les tables « des élites » l’avaient emporté sur celles « d’en bas ». Avec tout le respect qu’on peut accorder aux Relais & Châteaux, les quatre adresses étoilées sur la Côte d’Azur sont de ce sérail, la cinquième étant un hôtel 5 étoiles. Pour les tables de proximité qui enchantent mais bataillent souvent pour survivre, cette année Michelin n’était vraiment pas la leur !

1. Plus d’informatio­ns dans votre édition SainteMaxi­me Saint-Tropez de ce jour.

2. Confirmati­on également de la 2e étoile pour Ronan Kervarrec, ex-chef du Château de la Chèvre d’Or.

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(Photo doc Var-matin) À La Bastide de Saint-Tropez, Philippe Colinet décroche sa précieuse première étoile.

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