Musée de la photo à Nice : les Icônes de Newton s’émancipent
« Une rencontre et une série d’échanges avec Jude Newton que je connaissais et qui aurait aimé être ici avec nous. Elle était très enthousiaste, mais son état de santé ne lui a pas permis de voyager », explique MarieFrance Bouhours, la directrice du nouveau musée de la photographie, installé sur la place Pierre-Gautier à Nice. C’est ainsi que le choix de l’exposition inaugurale s’est porté sur Helmut Newton sous le titre Icônes. Ce lancement a été présenté en avant-première hier matin et le public pourra la découvrir aprèsdemain (du 17 février au 28 mai). Ce choix d’exposition temporaire marquera indubitablement l’entrée en scène du nouveau Musée de la photographie Charles-Nègre. Le transfert du Théâtre de la Photographie et de l’Image avait été contesté par les défenseurs de l’ancien site du boulevard Dubouchage.
Nouveau lieu : autres paramètres
Marie-France Bouhours a très logiquement accordé sa programmation aux paramètres de ce nouveau lieu : « Le choix est dicté par les espaces, les résonances qui s’y organisent, le dialogue avec les oeuvres exposées. Les travaux ont d’ailleurs permis d’adapter la lumière ». L’accrochage consacré à Helmut Newton aurait pu se contenter de suivre les trois lignes «La mode, le portrait, le nu » .Le conservateur de la Fondation Helmut Newton de Berlin, Matthias Harder, s’est chargé de rappeler les rouages de l’oeuvre laissée par le photographe très prolixe. Entre l’entrée du musée et le premier étage, chacun pourra apprécier le tissage qui a été conduit entre le portrait et la mode, l’utilisation des formats. Ralph Fiennes, Kurt Waldheim, Giovanni Agnelli, Andy Warhol constituent une sacrée phalange pour l’entrée en matière. Mais Debra Winger, Paloma Picasso, Faye Dunaway, Catherine Deneuve, Claudia Schiffer sont en embuscade. À un souffle de là, elles épient. Le visiteur trouvera des paysages, des détails connus, identifiables, des touches, des empreintes, de Nice, du Negresco, de Menton, de Monaco, de NiceMatin. Newton impavide, parfois insupportable ? Pas seulement.
La galerie « Belle Époque »
L’exposition, dans son second temps propose aussi de s’associer à son processus créatif, grâce à une vidéo, à 27 polaroïds qui seront sous vitrine. Il s’agit aussi de parcourir, à distance, certaines anecdotes de sa vie. Les arrières plans de la seconde partie de l’exposition Private Property19721983 sont intéressants, révélateurs, comme son autoportrait. Ces photos ont été déjà regroupées dans un ouvrage paru en 1989. Mais la visite ne sera pas encore achevée. Pour devenir musée, l’espace s’est adjoint un satellite. L’ancien centre du patrimoine est devenu une galerie. Les collections y seront exposées et le geste inaugural est consacré à « Nice à la Belle Époque » 1886-1910. Ce sera une plongée, en écho, vers une autre métamorphose, vers la ville d’aujourd’hui.