Var-Matin (Grand Toulon)

La mise au point

- P.-L. P. plpages@varmatin.com

En meeting hier au Zénith, le candidat d’En Marche ! est revenu sur les polémiques de la semaine. Un rassemblem­ent, composé de pieds-noirs et de membres du FN, a joué les perturbate­urs. Reportage au coeur du réseau des « marcheurs » varois. Hier matin, Emmanuel Macron a répondu aux questions de nos lecteurs.

De passage hier à Toulon pour un nouveau meeting, le leader du mouvement En Marche! n’aura pas eu besoin d’attendre le coup d’envoi du match de rugby opposant le RCT au LOU, pour connaître la ferveur des Varois. À l’initiative de Christophe Castaner, député socialiste des Alpes-deHaute-Provence et candidat malheureux aux dernières élections régionales en Paca, c’est en effet au son du piloupilou, le chant des Rouge et Noir entonné par le public, qu’Emmanuel Macron est monté sur la scène du Zénith. Une ambiance plutôt bon enfant qui contrastai­t avec les tensions générées à l’extérieur par la manifestat­ion organisée par le collectif Non au 19 mars 1962 (lire ci-dessus). Loin de contourner la polémique née autour de ses récentes déclaratio­ns sur le passé colonial français, Emmanuel Macron est au contraire revenu longuement sur ses propos. Des propos qu’il ne retire en rien. « Je sais que j’ai blessé un certain nombre de personnes. J’en suis désolé. Ce n’était pas mon intention. Mais si l’on veut réconcilie­r le pays, si l’on veut avancer, on doit regarder cette histoire complexe en face (...) Reconnaîtr­e la souffrance des uns, ce n’est pas nier la souffrance des autres », a martelé l’ancien ministre de l’Économie, avant de brocarder le Front national. «Un parti marchand de haine. » Ceux qui étaient venus pour connaître enfin le programme détaillé du mouvement En Marche ! sont restés sur leur faim. Encore un peu de patience. Emmanuel Macron l’a annoncé : « Le projet que je porte sera révélé début mars, dans toutes ses compétence­s, dans toutes ses dimensions ». En attendant, les quelque 2000 personnes (4 000 selon les bénévoles du mouvement) venus assister au meeting ont pu découvrir un vrai show-man. Parfois dans un numéro d’équilibris­te.

Aimer le risque et la réussite

S’il sait se montrer féroce envers ses adversaire­s politiques, Emmanuel Macron se garde bien de stigmatise­r leurs électeurs. Un exemple : candidat « d’un camp affaibli pas les affaires, qui fait siffler les journalist­es comme la justice », François Fillon n’a pas été épargné. Dans le même temps, Emmanuel Macron appelle ses sympathisa­nts à « ne jamais céder à la haine, à respecter celles et ceux qui ne partagent pas nos opinions ». Dans ce souci de ne froisser personne, l’ancien « petit protégé » de François Hollande refuse, contrairem­ent à d’autres, d’opposer justice et forces de l’ordre. L’une de ses ambitions est également d’en finir avec un paradoxe bien français qui consiste à n’aimer ni l’échec, ni la réussite. «Je revendique le droit d’aimer ceux qui échouent. Mais je veux aussi des hommes et des femmes qui ont l’appétit de réussir, de devenir riches. Je veux que la France soit un pays qui aime le risque et la réussite », a-t -il insisté. Suffisant pour l’emporter en mai prochain ? Pas sûr. Pour Bénédicte, une quinquagén­aire toulonnais­e, de sensibilit­é de gauche, mais jamais militante, « il est intellectu­ellement brillant, séduisant dans ses propos. Ses phrases sont belles, mais restent creuses à mon goût. Et c’est un libéral ».

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(Photo L. Boutria/P. Blanchard) Par conviction ou simple curiosité, le public n’est pas resté insensible au discours d’Emmanuel Macron.

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