Sacré week-end à la gendarmerie de Bormes
Week-end mouvementé à la gendarmerie de Bormes. L’auteur présumé de deux vols de voiture a dégradé sa cellule et insulté un militaire. Il écope de prison ferme pour l’ensemble de son oeuvre
C’est ce qu’on appelle une affaire rondement menée… qui a trouvé son épilogue, hier, devant le tribunal correctionnel de Toulon. Tout avait pourtant commencé par un banal stationnement gênant devant un hôtel de Cavalière. Après examen du véhicule incriminé, les gendarmes découvrent que le Citroën Berlingo fait l’objet d’un signalement pour vol en région parisienne. La voiture avait été subtilisée, quelques semaines plus tôt, à son propriétaire, qui avait eu la négligence de laisser tourner le moteur le temps d’acheter des cigarettes. À Bormes, en examinant la voiture, les enquêteurs trouvent la carte d’un camion à pizza. Ils interrogent le commerçant qui leur déclare se souvenir du conducteur de l’utilitaire. Mieux, il donne aux enquêteurs le prénom de l’individu et la carte de son entreprise de plomberie.
Reconnu par un pompiste
L’enquête autour du Berlingo amène les gendarmes du côté de La Valette où un pompiste a porté plainte contre le conducteur de ce véhicule, qui a oublié de passer par la caisse après avoir fait son plein. Le responsable de la station indique avoir subi les mêmes faits, du même auteur, mais cette fois-ci au volant d’une Opel Astra. Les gendarmes s’intéressent à ce nouveau véhicule et découvrent qu’il a été, lui aussi, volé au Lavandou, le 12 février. La victime s’était portée au secours d’une amie, laissant les clés sur la voiture, avant de découvrir sa disparition. Quelques jours plus tard, l’Opel Astra et son conducteur sont signalés dans le Val-d’Oise. Convoqué par la brigade locale, le voleur présumé est entendu, puis interpellé. Transféré à Bormes pour être interrogé, il se montre violent. Il insulte à plusieurs reprises un jeune gendarme et endommage sa cellule en taguant des inscriptions à l’aide de la fermeture éclair de son blouson. Des faits jugés suffisamment graves pour que la gendarmerie se porte partie civile contre lui.
Le prévenu a réponse à tout
À la barre du tribunal correctionnel, hier après-midi, Michaël D. n’est pas violent. Déterminé, l’homme de 27 ans ne se démonte pas et a réponse à tout. Le vol du Berlingo ? « Son propriétaire me l’avait donné parce que j’ai réalisé des travaux au noir à la place de son entreprise. » L’Opel Astra ? « Je l’ai achetée pour 9 900 euros, la veille, à son propriétaire. » Présent à l’audience, ce dernier rit jaune. « Elle en vaut tout juste 6 000 euros. S’il me donne cette somme, je la lui vends tout de suite… » Le vol de carburant ? « À Paris, on paye l’essence avant de se servir. Là, j’ai peut-être oublié… » Les insultes à l’encontre du gendarme ? « On m’a traité de sale Parisien, on a menacé de me “taser”… »
Un aplomb « incroyable »
Les explications laissent sceptique le représentant du parquet qui note toutefois « l’aplomb, la capacité incroyable à prendre la gendarmerie et la Justice pour des imbéciles ». Il requiert 14 mois de prison, dont six fermes. En défense, Me Chabert-Balmond a tenté d’invoquer le bénéfice du doute, sur une partie au moins des faits reprochés à son client, qui n’a jamais fait l’objet d’une condamnation. Michaël D. écope de douze mois de prison, dont huit avec sursis mise à l’épreuve. Il a été déféré au centre pénitentiaire de La Farlède.