Var-Matin (Grand Toulon)

Infranchis­sable

Pénétrer dans la zone interdite à la navigation civile est désormais un délit. Face à la menace terroriste, la Marine va installer une barrière infranchis­sable.

- P.-L. PAGÈS plpages@varmatin.com

Que ce soit au retour d’une longue navigation ou pour tuer le temps au port, en attendant que la tempête se calme, rares sont les marins à bouder le « zinc ». Mais sur les bords de la rade de Toulon, ces quatre lettres, d’ordinaire fort agréables à l’oreille des gens de mer, peuvent avoir une tout autre significat­ion que le comptoir d’un bar… À l’approche des appontemen­ts militaires où sont

(1) concentrés 70 % de la flotte de guerre française, il existe ainsi une zone interdite à la navigation civile – une ZINC donc – où il ne fait pas bon naviguer, hormis à bord d’un bateau gris. Depuis le 8 février dernier, date de la publicatio­n de l’arrêté n° 01/2017 «portant

(2) règlement d’usage du plan d’eau du port militaire de Toulon », le ton se veut même plus sévère à l’encontre de toute personne qui se risquerait à pénétrer dans le périmètre interdit. « Pénétrer dans une ZINC constitue désormais un délit et relève du pénal », insiste-t-on à l’amirauté de Toulon. Si le périmètre de la zone n’a pas changé, les sanctions auxquelles s’exposent les plaisancie­rs distraits sont autrement plus lourdes que par le passé. Désormais, toute personne surprise à naviguer en zone interdite encourt une amende de 15 000 euros et un an de prison. Et peut même se voir confisquer son embarcatio­n ! Ça fait chère la balade en mer dominicale… Pour informatio­n, entre 20 et 30 « tentatives d’intrusion » plus ou moins innocentes étaient relevées chaque année en moyenne.

Bientôt une barrière infranchis­sable

À l’amirauté, on se veut rassurant. « Avant le tout répressif, les fusiliers marins, qui assurent la surveillan­ce du plan d’eau, en étroite collaborat­ion avec les gendarmes maritimes, les seuls habilités à verbaliser, feront preuve de pédagogie », déclare-t-on. Mais pas question pour autant de prendre à la légère la menace terroriste ! La frégate saoudienne Al Madinah, touchée le 30 janvier dernier au large du Yémen par un drone naval bourré d’explosifs, est là pour le rappeler. À ce sujet, la Marine nationale envisage de rendre « infranchis­sable » au moins la ZINC de la base navale de Toulon. D’ici 2018-2019, une barrière physique – pour schématise­r : un chapelet de bouées reliées entre elles par des câbles – devrait ainsi être mis en place. Les marchés sont passés, la technologi­e est américaine, mais c’est une société française qui réalisera les travaux. Vidéo à l’appui, l’efficacité du futur équipement est impression­nante. Lancée à pleine vitesse, une vedette d’une vingtaine de mètres est stoppée net ! Mais parce que le danger peut venir également de l’azur ou des abysses, cette barrière sera, par ailleurs, équipée d’un dispositif de détection sous-marin et aérien. Dernier changement notable, dans un souci de meilleur contrôle des bateaux naviguant dans les eaux de la rade : tout navire de plus de 20 mètres (contre 25 m auparavant) doit désormais se signaler à la vigie du cap Cépet à l’entrée du chenal d’accès. Par ailleurs, ces mêmes navires de plus de 20 mètres ne peuvent plus emprunter la petite passe à Pipady. À ce rythme-là, pas sûr que l’homme libre chérisse la mer encore bien longtemps…

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(Capture d’écran harbor offshore barriers) Selon la vidéo présentée par la prémar, une vedette d’une vingtaine de mètres, lancée à pleine vitesse, est stoppée net par le futur dispositif de protection de la ZINC.

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