Bayrou - Macron : entente cordiale
François Bayrou renonce à se présenter à la présidentielle. Il s’allie avec Emmanuel Macron en échange de 4 engagements de la part de celui-ci
Pendant que Benoît Hamon peine à s’allier avec Yannick Jadot – et ne parlons même pas de Jean-Luc Mélenchon – et que la droite, certes rassemblée derrière François Fillon, a laissé largement entendre ces derniers temps ses dissonances internes, le centre s’unit. François Bayrou a, en effet, renoncé hier à briguer l’Élysée… en proposant à Emmanuel Macron une «alliance», immédiatement acceptée par l’intéressé. S’agit-il vraiment d’un « tournant de la présidentielle», comme ce dernier l’a aussitôt proclamé ? L’avenir le dira, même si dans l’immédiat, cela ressemble surtout à un tournant… dans la campagne du fondateur d’En marche !, confronté depuis une semaine à un vrai trou d’air après ses propos polémiques sur la colonisation et sur le mariage homosexuel. Ou à un tournant dans la carrière politique de François Bayrou, qui s’était présenté à la présidentielle sans interruption depuis 2002 (il avait alors recueilli 6,8% des suffrages, puis 18,6 % en 2007 et 9,1 % en 2012).
Moralisation de la vie publique et proportionnelle au Parlement
En échange de ce ralliement qui ne souhaite pas dire son nom? Aucun arrangement électoral pour l’avenir, promis : «Je n’ai jamais discuté de circonscriptions avec Emmanuel Macron», jure la main sur le coeur le maire de Pau, qui assure aussi au passage n’avoir informé l’ex-ministre de l’Économie que «juste avant» son annonce. En revanche, il dit avoir formulé quatre conditions : la promesse d’une loi de « moralisation de la vie publique », notamment s’agissant des conflits d’intérêts; davantage de «pluralisme» au Parlement – autrement dit l’instauration de la proportionnelle ; la défense des salaires : pas de projet trop libéral; et «une véritable alternance, un véritable changement des pratiques et des orientations ». Une annonce qui a suscité, notamment sur les réseaux sociaux, une cascade de commentaires sarcastiques. Car c’est peu dire que Français Byarou n’avait, jusqu’ici, pas été tendre avec son nouvel allié. «Ce qu’il y a derrière cet hologramme, c’est une tentative qui a déjà été faite plusieurs fois de très grands intérêts financiers et autres qui ne se contentent plus d’avoir le pouvoir économique mais veulent avoir le pouvoir politique. [...] Ce sont les mêmes forces qui veulent réussir avec Macron ce qu’elles ont raté avec Strauss-Kahn», avait-il notamment déclaré il y a seulement six mois, le 7 septembre sur BFM TV. Avant d’enfoncer le clou quinze jour plus tard, le 22 septembre: « Peut-être dans quinze ans, quand il aura vécu ce qu’il doit [vivre], Macron sera prêt, mais pour l’instant il n’y a rien. » Il avait, il est vrai, nettement adouci son discours depuis. Justification avancée à cette volte-face: la gravité de la situation. « Jamais, dans les 50 dernières années, la démocratie en France n’a été dans une situation aussi décomposée», a-t-il lancé hier. Et d’avertir : la France encourt «le pire des risques de flambée de l’extrême droite, qui fait planer la menace d’un danger majeur et immédiat pour notre pays et pour l’Europe ».