Var-Matin (Grand Toulon)

Kungs, le Varois qui fait danser la planète

Un seul album et le voilà au sommet. Valentin Brunel, alias Kungs, a déjà vendu 600000 copies de Layers. Rencontre à Aix-en-Provence avec le jeune Hyérois qui fait danser la planète

- PROPOS RECUEILLIS PAR FRANCK LECLERC fleclerc@nicematin.fr

Le week-end dernier, il mixait à Verbier. Ce vendredi, ses platines tourneront à Rio. Entre les Alpes suisses et le Brésil, Kungs, en escale à Aix-en-Provence, nous accorde une petite heure. Et c’est déjà une faveur. Depuis qu’il a mis son premier album en orbite, le DJ électrise la planète électro. Couronné à vingt ans par une Victoire de la musique, il s’est produit en décembre aux États-Unis et se rendra début mars en Indonésie, avant l’Australie. Un phénomène, on vous dit ! Pour le public azuréen, il faudra s’armer de patience… et d’une bonne paire de gants. Le 1er avril, Valentin Brunel sera l’invité de l’Ice DJ Festival, à Isola 2 000.

Kungs tient le choc ? C’est vrai que c’est un choc. Depuis la sortie de This girl ,ilya un an, tout s’est accéléré. Beaucoup de voyages, très peu de temps libre, une vie à cent à l’heure. Avions, hôtels, six dates par semaine. Sans compter la promo. Ce sont les risques du métier ! Mais c’est surtout une chance immense. Autant en profiter, ça peut très vite s’arrêter.

Toujours les pieds sur terre ? Les radios, les journaux, les plateaux de télévision, personne ne peut t’apprendre. Alors il faut se débrouille­r comme on peut. Moi, j’essaie d’être naturel. Je reste moi-même. Je ne veux surtout pas donner l’impression qu’il y a un bouton on/off sur lequel il suffit d’appuyer. Après, tout ce succès, c’est cool. L’album est triple platine à l’étranger, ça n’arrive pas souvent. Il a été le plus « shazamé » du monde. N°  sur iTunes dans  pays. Et la Victoire de la musique est une très belle consécrati­on.

La famille vit ce succès avec plaisir ? Fierté ? Inquiétude ? Avec fierté et plaisir, je pense. Je suis très bien entouré et tout le monde sait que je ne fais pas n’importe quoi. Je suis là pour un travail, j’essaie de le faire bien. Je ne supporte pas ces DJ qui arrivent sur scène complèteme­nt bourrés. Tous ceux qui tiennent dans la durée mangent des carottes vapeur et boivent de l’eau. Je n’ai pas de problème avec l’alcool, je n’ai pas de problème avec la drogue. Je suis quelqu’un de sain et de prudent. Je ne suis même pas dépensier. Je n’ai pas acheté une voiture qui ne me servirait à rien, j’ai juste déménagé pour avoir de la place pour un « home studio ». C’est le seul plaisir que je me suis accordé.

Avec le recul, comment expliquer cette déflagrati­on ? Je pense qu’il n’y a pas vraiment de recette. This girl est sorti pilepoil au bon moment. En février, quand les gens ont envie d’été. Derrière, j’ai fait en sorte que les douze titres de l’album soient tous très différents. Pour que les gens ne se disent pas : c’est tout le temps la même chose. Certains morceaux sont très « club », d’autres plus mélancoliq­ues. J’ai mélangé plein de styles et d’ambiances. Je crois que c’est ce qui plaît aux jeunes comme aux plus âgés. Souvent, les parents ne comprennen­t pas trop ce qu’écoutent leurs enfants. Sur Layers, on n’a pas cette fracture. C’est un album qui peut s’écouter en famille.

Il y a aussi un côté « soul ». Très Motown ? C’est ça qui est génial avec la musique électro. Aucune limite, on peut vraiment incorporer des choses très variées. Depuis que je suis petit, j’écoute de tout. Rap, soul, électro.

The Avener, Feder… les DJ de la région Paca font école ? On se croise assez régulièrem­ent, on s’apprécie bien. Feder est quelqu’un de super cool. Je connais moins The Avener. En tout cas, respect à lui pour son succès et son album.

C’est le même type de travail ? La nuance, c’est que l’album de The Avener est fait de « reworks ». Des titres retravaill­és. Il n’y en a que deux sur le mien : This girl et I feel so bad. Le reste, c’est totalement moi, entre guillemets. Des créations originales, de A à Z.

Comment se « fabrique » un titre de Kungs ? C’est la question que posait Arditi chez Ruquier… C’est simple, mais il me faudrait un ordinateur pour montrer. En gros, je fais mon morceau avec les sons synthétiqu­es que j’ai derrière mon clavier. Une fois que j’ai tout sur mes pistes, mais avec une qualité moyenne, je vais en studio et on enregistre avec les musiciens. De vrais trompettis­tes, de vrais guitariste­s, etc.

David Guetta n’a pas peur que vous le « ringardisi­ez » ? David Guetta, c’est David Guetta. C’est lui le patron ! Et il est super sympa, super humble. J’ai pas mal de dates avec lui à Ibiza.

Vous serez aussi aux Vieilles Charrues. Loin des clubs ! Oui, je fais pas mal de festivals cet été. On est en train de monter un vrai concert avec des lumières et un show pyrotechni­que. Et quelques petites apparition­s des musiciens qui sont avec moi sur l’album. Je ferai aussi beaucoup de percussion­s. En fait, on essaie de passer un cap. L’idée, c’est que les gens me voient un peu moins comme un DJ, plutôt comme un artiste pop. Si je veux que ma carrière dure plus longtemps, il faut passer par là.

Un nouvel album à venir ? Je ne suis pas du tout pressé. Dans l’immédiat, ce sera une réédition de Layers avec trois nouveaux titres. J’ai fait aussi une session très sympa en studio avec John Newman. A voir, car j’ai beaucoup de projets.

C’est un album qui peut s’écouter en famille”

La vie personnell­e dans tout ça ? Je suis célibatair­e, donc le problème ne se pose pas. Mais je suis persuadé que tout est question d’organisati­on. Le vrai choix pour l’instant n’est pas là. Je ne passe plus que trois ou quatre jours par mois à Aixen-Provence, il m’est de plus en plus difficile de ne pas vivre à Paris.

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(Photo Dominique Leriche)

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