Var-Matin (Grand Toulon)

St-Jean-du-Var Géraldine une locataire prise au piège

Logée dans un quatre pièces touché par des infiltrati­ons, Géraldine Jacquey est prioritair­e pour un relogement dans un HLM. Le problème, c’est qu’elle ne paie plus son loyer actuel

- PIERRE-MICKAËL AYI pmayi@nicematin.fr

Au lieu de caresser son chat noir, Géraldine Jacquey gémit à chaudes larmes face au paradoxe. La résidente de Saint-Jean-du-Var veut quitter son appartemen­t. Elle est même prioritair­e au relogement. Pourtant, elle bute sur un rideau de fer… réglementa­ire. De l’extérieur, le charme des années 1960 semble avoir figé la tranquilli­té de sa résidence Le Ventoux, ancrée rue de Turenne. Mais l’angoisse remue bel et bien le quatrième étage du bâtiment B5, perpendicu­laire à l’avenue ColonelPic­ot.

« Je ne peux pas continuer comme ça »

Sous la toiture de l’un des trois bâtiments-barres de la copropriét­é, Géraldine vit dans l’humidité. Son plafond est dégradé par des infiltrati­ons d’eau. «Je n’en

peux plus, souffle la dame de 59 ans

atteinte de bronchite chronique. Je ne peux pas continuer comme ça. » Le trouble a débuté en 2011. Son syndic répare la toiture mais ne donne aucun coup de pinceau dans son quatre pièces. « Le béton tombait dans la baignoire… », explique-t-elle. « Comme mes propriétai­res n’ont rien fait, j’ai décidé de partir vers un logement social. » Géraldine, titulaire d’un constat de non-décence depuis 2012 et reconnue

(1) prioritair­e au titre du Dalo (droit au logement opposable, Ndlr) dès 2013, n’a toujours rien vu venir. Et, face à une attente devenue insoutenab­le, l’allocatair­e du RSA (464 euros par mois), par dépit, a arrêté de payer son loyer (lire ci-contre), après que la Caisse d’allocation­s familiales cesse de lui verser l’aide au logement. « On m’a dit qu’en l’absence de travaux, le versement de mon allocation (près de 200 euros) était interrompu, pousse-t-elle d’une voix fluette, mais moi je ne peux pas payer mon loyer (675 euros) de ma poche ! » En raison de cette étiquette de « mauvais payeur », Géraldine a ainsi vu filer une première offre de logement social. Et, l’an dernier, alors qu’elle était hospitalis­ée, elle n’a pas pu se présenter à la deuxième convocatio­n de la commission d’attributio­n des logements. Depuis, les portes du HLM se sont brusquemen­t refermées.

Passible d’expulsion

La Toulonnais­e a beau posséder deux décisions favorables du juge administra­tif confirmant sa priorité au relogement, elle vit avec cette épée de Damoclès au-dessus de sa tête : celle de l’expulsion dès la levée de la trêve hivernale au 1er mars prochain. «Cela fait deux ans, relève Géraldine qui a reçu la visite des huissiers. J’ai tenté l’arrangemen­t amiable (contre la résiliatio­n judiciaire du bail, Ndlr), mais mon propriétai­re refuse tout contact », explique-t-elle.

Dans son salon trop petit pour cinq personnes, la locataire, qui héberge son fils de 20 ans, tente de stopper ce cercle vicieux. Elle a sonné partout. « À part faire le pied de grue devant la préfecture, je ne sais plus quoi faire, conclut-elle. Pourtant, je ne suis pas difficile, mon fils travaille à La Crau et je peux déménager jusqu’à Cuers. On me dit que mon dossier est en bas de la pile, mais ma maladie ne peut pas attendre. Je ne suis pas à l’abri de me retrouver aux Urgences. Quand je vois le nombre de résidences qui poussent dans mon quartier, ça me fait rager. Il y en a pour les marins, les rugbymen, mais pas pour moi. »

1. Délivré par l’associatio­n Le Pacte.

 ?? (Photo Patrick Blanchard) ?? L’humidité transpire des plafonds, murs et fenêtres de la salle de bain de Géraldine Jacquey depuis six ans. Et son logement a été reconnu non-décent depuis .
(Photo Patrick Blanchard) L’humidité transpire des plafonds, murs et fenêtres de la salle de bain de Géraldine Jacquey depuis six ans. Et son logement a été reconnu non-décent depuis .

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