Jean Leonetti: “Dépenser moins sans altérer la qualité des soins”
Le député-maire d’Antibes est l’un des inspirateurs des propositions dévoilées avant-hier à la Mutualité française par François Fillon. Pour lui, « 20 milliards d’économies, c’est possible »
Père de la loi sur la fin de vie, le député-maire d’Antibes est l’un des inspirateurs des propositions sur la santé dévoilées mardi par le candidat LR. L’ancien porte-parole d’Alain Juppé défend une logique d’économies «réfléchies» sans dégradation de la qualité du service.
Les nouvelles propositions de François Fillon semblent aux antipodes de ses premières déclarations. Il a changé d’avis ? Non. [Mais] il faut dire les choses telles qu’elles sont : ses premières propositions étaient ambiguës. Distinguer le «petit risque», pris en charge par les mutuelles, et le « gros risque » couvert par l’Assurance maladie, c’était une erreur ! Il y a eu une polémique et, à partir de là, François Fillon a constitué un groupe de trois personnes chargé de réaliser des auditions. Nous en avons mené plus d’une centaine. De ces entretiens, il ressort un diagnostic très largement partagé sur l’état de notre système de santé et un certain nombre d’inquiétudes.
Quelles inquiétudes ? Les gens se posent deux questions : est-ce que, demain, j’aurai les moyens financiers de me soigner ? Et est-ce que je trouverai, près de chez moi, un médecin capable de prendre en charge ma maladie ?
Le candidat Fillon répond en proposant la prise en charge à % par l’Assurance maladie des lunettes pour les enfants, une aide à l’acquisition d’une complémentaire pour les retraités les plus modestes… L’objectif de milliards d’économie est aux oubliettes ? Pas du tout. Mais pour faire des économies, il n’y a pas que la méthode du rabot ! Savez-vous que la non-observance des traitements coûte milliards par an ? Que l’on pourrait économiser encore milliards grâce aux médicaments génériques ? Le coût des mesures présentées par François Fillon, c’est millions d’euros. Il faut comparer ce chiffre aux dépenses totales de l’Assurance maladie : milliards ! L’OCDE estime qu’on pourrait économiser % de cette somme. Faites le calcul… Il est possible de dépenser moins sans altérer la qualité des soins.
Comment faire, concrètement ? Il faut créer une agence de contrôle et de coordination, capable de faire des arbitrages et de supprimer les archaïsmes administratifs. C’est une petite révolution qu’on propose !
Certaines promesses – un « reste à charge » de zéro pour les audioprothèses, l’optique, les prothèses dentaires, les dépassements d’honoraires… – engagent les mutuelles. Vous pensez qu’elles seront d’accord ? Si on se fixe des objectifs raisonnables et cohérents, elles n’y sont pas défavorables.
Diriez-vous qu’en annonçant la suppression de fonctionnaires en cinq ans, François Fillon a également fait une « erreur » ? Il y a une réflexion en cours. Il est clair, aujourd’hui, qu’on ne peut pas tailler dans les personnels en charge de la santé ou de la sécurité. Pour atteindre cet objectif de équivalents temps pleins, il faut rationaliser et mutualiser – en prenant soin, là encore, de ne pas dégrader la qualité de service.
Le gouvernement vient de lancer une campagne d’information sur la fin de vie. C’était nécessaire ? Absolument ! La loi n’a de sens que si chacun connaît ses droits. Hélas, ce n’est pas encore le cas…