Var-Matin (Grand Toulon)

Une histoire de fous!

Que retenir de l’incroyable nuit de l’Etihad Stadium ? Tant de choses et de sentiments...

- MATHIEU FAURE

Une mi-temps maîtrisée

Un match dure 90 minutes, et Monaco aura maîtrisé son sujet pendant… 48 minutes. Ju qu’au penalty manqué par Falcao, son deuxième en Ligue des champions cette saison après celui de Tottenham. À ce moment du match, l’ASM avait une balle de 3-1, et le match aurait sans doute été plié. «Onauneoppo­rtunité de 3-1 et derrière, on est rejoint à 2-2, psychologi­quement, on a sans doute laissé des forces à ce moment-là », concède Danijel Subasic. Dommage, car durant le premier acte, l’ASM a livré une prestation XXL. 2-1 à la pause, mais surtout 10 tirs à 3, avec un Mbappé intenable une fois trouvé en profondeur. Comme prévu, les hommes de Jardim ont pressé très haut la défense des Citizens, obligeant Caballero à balancer. C’est d’ailleurs sur un dégagement raté du portier argentin que Falcao égalise. Cette consigne tactique, déjà observée contre Paris et Nice, a fonctionné, mais demeure conditionn­ée à la faculté de répéter les efforts pendant 90 minutes. Or, le pressing s’est dilué après la pause.

Une seconde période folle

Même si Falcao redonne l’avantage à 32, l’ASM avait commencé à basculer physiqueme­nt à ce moment-là. À l’inverse, l’escouade de Guardiola a repris le match en main à l’aide d’un 3-4-3 hyper agressif dans lequel la rentrée de Zabaleta a fait un bien fou. C’est au niveau de la récupérati­on des ballons que les Anglais ont fait la différence. Au coup de sifflet final, le cinq majeur offensif des Citizens (Agüero, Sané, De Bruyne, Silva et Sterling) a récupéré 29 ballons, soit 55 % du total de Manchester City (29 sur 53). En repassant à une défense à trois, Josep Guardiola a fait du Marcelo Bielsa, à savoir être en supériorit­é numérique sur les attaquants adverses. En première mi-temps, le duo Otamendi-Stones peinait à contenir Falcao et Mbappé. En passant à trois (avec Sagna), les Citizens ont mieux réussi à sortir le ballon. Dans ce match, la réponse tactique de Guardiola sur Jardim fut brillante. Moralité : entre la rentrée de Zabaleta et le coup de sifflet final, le score est passé de 32 en faveur de Monaco à 5-3 pour City. Un changement d’ambiance en 28 minutes.

Efficacité défensive à retrouver…

Deux buts encaissés sur corner dans la même mi-temps, c’est un fait rarissime au plus haut niveau. Pourtant, Monaco est coutumier du fait, puisque 18 buts des 36 buts encaissés cette saison sont venus sur coups de pied arrêtés, c’est 50 % du total de l’ASM toutes compétitio­ns confondues. Dans un match d’une telle intensité comme celui de Manchester City, ça ne pardonne absolument pas. Sans compter l’erreur de main de Subasic ainsi que le mauvais alignement de la défense sur le premier et le dernier but, cela commence à corser l’addition. Par séquences, on a eu l’impression de retrouver la défense fragile du barrage contre Valence. À chaque fois, l’ASM avait permis aux Espagnols de marquer, alors que l’équipe de la Principaut­é maîtrisait son sujet. Par exemple, fallait-il faire débuter Djibril Sidibé, qui n’avait pas joué depuis 15 jours ? Après coup, la réponse semble facile à trouver. Mardi, le français a semblé dans le dur très rapidement. Sans jambe, il a eu toutes les peines du monde à contenir David Silva et Leroy Sané.

… alors qu’offensivem­ent, tout était presque parfait

Les cinq buts encaissés noircissen­t l’excellent match offensif de l’ASM. En 90 minutes à l’extérieur, Monaco s’est créé six occasions franches – penalty compris – pour trois buts inscrits. A chaque situation favorable, l’ASM a clairement appuyé sur les limites défensives de Manchester City, que ce soit le jeu au pied du gardien Caballero sur le premier but, la lenteur de la charnière sur Mbappé sur le deuxième, ou le duel perdu par Stones sur Falcao sur le troisième. Trois situations de jeu très précises, durant lesquelles City a explosé. Et Monaco en a profité à chaque fois, avec une précision chirurgica­le. Sans un arrêt fantastiqu­e de Caballero en fin de match, le Tigre aurait même pu terminer la rencontre avec un triplé. Tout n’est pas à jeter dans la prestation de City. Au contraire. Ce n’est pas donné à tout le monde de marquer trois buts à l’extérieur dans un huitième de finale de C1. Malheureus­ement, ce n’est pas donné à tout le monde, non plus, d’en prendre cinq en retour.

Un trou d’air physique

« Les dix dernières minutes, j’avais les jambes qui tremblaien­t », raconte Fabinho. Pour que le Brésilien, stakhanovi­ste du Rocher, avoue qu’il a terminé le match sur les rotules, c’est que l’intensité a fait un mal terrible aux Monégasque­s. « J’ai les genoux en feu », nous confiait Tiémoué Bakayoko après le match. C’est sans doute dans ce domaine que les Monégasque­s ont perdu le match. La dernière demi-heure a été terrible pour le leader de L1, avec trois buts encaissés et une incapacité à stopper les vagues anglaises. Plus le match avançait, plus les espaces étaient trouvés facilement par David Silva et sa bande. L’intensité du championna­t anglais permet aux Citizens d’avoir une caisse physique sans doute supérieure à celle de l’ASM. En gros, en se mettant à l’abri plus tôt dans le match, Monaco aurait sans doute moins souffert sur la fin. On en revient donc toujours au même constant. Le penalty du 3-1 manqué par Falcao. Le premier vrai tournant du match. Les grandes rencontres se jouent sur des détails. C’est vrai. Dans le vacarme de l’Etihad Stadium, le Tigre n’a pas entendu le coup de sifflet de l’arbitre l’autorisant à tirer, ce qui a retardé le penalty. Sans doute perturbé par ces quelques secondes d’attente inhabituel­les, il en a perdu une partie de ses repères. On connaît la suite…

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(Photos AFP et Epa/Maxppp)

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