Var-Matin (Grand Toulon)

Falcao, l’incroyable résurrecti­on

Double buteur à Manchester, le Colombien (24 buts cette saison) est de retour

- MATHIEU FAURE

En septembre lors de la victoire contre Tottenham à Wembley (2-1), on avait douté de l’impact de Radamel Falcao dans un match de Ligue des champions. Ce soir-là, le Colombien n’avait pas existé. Que ce soit avec le ballon ou sans. On se demandait alors si la limite de l’ASM ne se situait pas dans ce compartime­nt de jeu. Tout du moins, sur la scène européenne. Cinq mois plus tard, force est de constater que le Tigre a changé de dimension. Avec son doublé planté sur la pelouse de l’Etihad Stadium, le voilà à 24 buts toutes compétitio­ns confondues. Au-delà de son doublé, c’est la résonance de sa prestation qui est importante. Encore plus à Manchester où il s’était perdu durant la saison 2014-2015 sous les ordres du si peu souriant Louis van Gaal. Au point de finir la saison avec les U23, loin des profession­nels. Deux ans plus tard, le Batave a dû s’étrangler devant son poste de télévision face à la prestation du numéro 9 de l’ASM. L’Angleterre le disait cramé et ne lui a jamais offert ni patience ni franche considérat­ion.

Comme Ronaldo... le vrai

Mardi, il a démontré que la plus belle chose dans le football reste la résurrecti­on. Celle de Ronaldo après ses deux graves blessures aux genoux est dans toutes les têtes. Ce même joueur qu’Old Trafford avait applaudi chaleureus­ement après un triplé avec le Real Madrid contre Manchester United dans un match, lui aussi, fou (4-3). L’Etihad ne s’est pas levé pour le Colombien mais l’idée était là. Guidé par une rage intérieure, Falcao a planté deux buts. Le premier dans un style qui le caractéris­e et qui confirme que son instinct et son sens du but n’ont jamais été altérés par les blessures et le temps. Le second, en revanche, est un chefd’oeuvre. L’appel, le dribble, le coup d’épaule pour déloger le mètre quatre-vingt-huit de John Stones de son chemin et, enfin, cet amour de ballon piqué. Un but d’avant-centre au rayonnemen­t internatio­nal. La feuille de stats du joueur démontre à elle seule l’immensité de sa rencontre : cinq frappes (meilleur total du match), 42 ballons touchés et 92% de passes réussies (seul Bernardo Silva a fait mieux). Bien sûr, il y a ce penalty raté à la 48e, le tournant du match pour beaucoup d’observateu­rs, et cette perte de balle au départ de l’égalisatio­n à deux partout mais difficile de lui en vouloir puisque City parcourt 80 mètres derrière. Derrière cette double erreur, il trouve la force de redonner l’avantage aux siens là où d’autres auraient disparu de la circulatio­n. En début de saison, tout le monde se demandait comment le Tigre allait (re)devenir un joueur de football. Et Leonardo Jardim, ainsi que ses coéquipier­s mais aussi la direction ont fait un miracle. Un de plus. En gérant au mieux le temps de jeu du joueur de 31 ans, tout en lui donnant de l’amour au quotidien. Ainsi l’homme mais aussi le joueur ont été remis sur les rails. Mieux, Monaco a réussi là où Chelsea et Manchester United ont échoué. Rendre au joueur son niveau, ou presque, de l’Atlético Madrid ce n’était pas gagné d’avance. En fin de contrat en juin 2018, va forcément se poser la question de la suite. Entre janvier 2016 et janvier 2017, le joueur a refusé trois ponts d’or pour rejoindre la Chine. Cet été le championna­t qui est sur le point de s’offrir Wayne Rooney devrait revenir à la charge avec une offre conséquent­e. Acheté 60 millions d’euros en 2013, l’offre pourrait être du même calibre. Sur le Rocher, il faudra faire un choix : vendre – à très, très bon prix – ou prolonger l’aventure du colombien sur le Rocher. Après tout, à 31 ans, l’homme semble avoir retrouvé une équipe dans laquelle il s’exprime pleinement. Après Wembley, combien imaginait le joueur capable de prestation comme celle de l’Etihad ? Pas nombreux. A part peut-être Leonardo Jardim.

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(Photo AFP)
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