Triple peine
L’Etat prévoit la création de 850 nouvelles places de prison dans le département. Deux maisons d’arrêt seraient construites, l’une à Fréjus et l’autre, plus modeste, à La Farlède
Alors qu’un nouvel établissement pénitentiaire est en chantier à Draguignan, le ministre de la Justice a annoncé hier la construction de deux nouvelles prisons, l’une à Fréjus, l’autre (une seconde), à la Farlède.
Fréjus devrait avoir sa prison, et La Farlède une maison d’arrêt supplémentaire. C’est ce qu’a (notamment) dévoilé hier, dans le cadre d’une conférence de presse axée sur son plan «encellulement individuel» le garde des sceaux, ministre de la Justice, JeanJacques Urvoas. Une surprise? Oui et non… On savait depuis l’automne dernier (nos éditions du 7 octobre) que le territoire fréjusien et l’aire toulonnaise faisaient partie des lieux susceptibles d’accueillir, dans le département, de tels équipements. En l’espèce, le ministre a précisé qu’il s’agirait d’une maison d’arrêt de 650 places à Fréjus. Et 200 places à La Farlède, qui compte déjà un centre pénitentiaire de 626 places (pour plus de 950 détenus). Le site de Fréjus vient se substituer à un projet d’implantation à Grasse (Alpes-Maritimes), abandonné dans les annonces faites hier.
Des terrains identifiés
A Fréjus, le lieu d’implantation envisagée se situe au nord de la ville. Un terrain militaire a été identifié et retenu pour examen. Sur ce point, Georges Ginesta, président de la communauté d’agglomération, en dit plus… « C’est nous qui avons aiguillé la préfecture sur ce lieu. Nous avons reçu, il y a un peu plus d’un mois, une demande pour localiser une prison sur la zone de l’agglomération et pour trouver les terrains ad hoc. On a donc recherché ceux qui pouvaient correspondre aux besoins, car pour un équipement de ce type, il faut une superficie de 13 à 15 hectares. Dans ce cadre-là, deux terrains potentiels ont été recensés. Le plus intéressant se trouve en face du camp Lecocq, sur la route de Bagnols et sur la commune de Fréjus. » A La Farlède, le ministère de la Justice évoque « un terrain proposé par la commune de La Farlède, proche de l’actuel établissement pénitentiaire ». Pour autant le premier adjoint au maire de la commune jure avoir été « mis devant le fait accompli ».
L’État veut aller vite
Question : sous quels délais ces projets pourraient-il devenir concrets ? Le président de l’agglo de Fréjus/Saint-Raphaël souligne une volonté d’aller très vite… «Tellement vite que, dès lundi prochain, Roland Bertora (vice-président de l’agglomération, Ndlr) a rendez-vous en souspréfecture. Je pense donc que ça peut se débloquer assez rapidement d’autant que ce dossier revêt un aspect politique très fort. Après, bien sûr, il faudra compter avec les problèmes inhérents à la Loi littoral et autres. Mais c’est une affaire entre administrations d’État. » Quant à la perspective de voir s’ériger, finalement assez près de sa commune, un établissement pénitentiaire, Georges Ginesta n’a pas d’objection… « Sur le principe, je n’ai aucune opposition à formuler. À Draguignan, la prison est presque en centre-ville et ça ne dérange personne. Aujourd’hui, tout est bien conçu et beaucoup de précautions sont prises alentours. Et si nous avions eu un terrain disponible à Saint-Raphaël, nous l’aurions proposé. » Christian Flour, le premier adjoint de La Farlède, estime pour sa part que « ce n’est pas une bonne nouvelle » même si elle est « logique », compte tenu de la surpopulation qui frappe les infrastructures existantes. Le projet de Jean-Jacques Urvoas consiste à atteindre un objectif national de 80 % de détenus en cellule individuelle. Le ministre avait alors placé la barre très haut en déclarant qu’il faudrait construire entre 10 309 et 16 143 nouvelles cellules d’ici au 1er janvier 2025. Hier, il a également évoqué la construction à Nice, d’une nouvelle prison de 650 places sur la rive droite du fleuve Var. Enfin, l’inauguration de la nouvelle prison de Draguignan (744 places), prévue à la fin de cette année, n’est évidemment pas remise en cause.