Var-Matin (Grand Toulon)

La deuxième mort de Mitterrand

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Mais quel bazar cette élection présidenti­elle ! Tout y est cul par dessus tête au point que les repères traditionn­els de notre vie politique non seulement sont brouillés mais en voie de disparitio­n. La gauche vit ainsi un séisme destructeu­r : un demi-siècle de patiente constructi­on d’un Parti socialiste dominant et crédible dans la conquête du pouvoir est tout simplement en train d’être balayé. Nous assistons à la deuxième mort de Mitterrand. Le vainqueur de  avait compris que les mécanismes électoraux de la Ve République pouvaient permettre à un Parti socialiste dominant à gauche d’accéder au pouvoir. Une fois cette force de gouverneme­nt constituée aux dépens du Parti communiste, l’alternance s’installera­it entre la droite post-gaulliste et la gauche mitterrand­ienne. De fait, c’est bien ce qui s’est passé. Au cours des  dernières années, le PS a gouverné  ans et la droite . On aurait pu imaginer que la France était ainsi entrée dans les eaux calmes de la démocratie : l’alternance en étant la preuve en même temps que le respect de l’état de droit et des libertés. C’est cet édifice qui s’effondre sous nos yeux. Mitterrand avait établi au sein du PS un point d’équilibre entre les forces le composant : il représenta­it le courant dominant, la première gauche flanquée sur sa droite de la deuxième gauche rocardienn­e et sur sa gauche de socialiste­s plus radicaux venus notamment du PSU qu’avait fréquenté d’ailleurs Michel Rocard dans sa jeunesse militante. Ce dispositif est aujourd’hui en miettes puisque la deuxième gauche vole de ses propres ailes en dehors du PS sous la bannière Macron et que la première gauche a cédé devant les socialiste­s radicaux conduits par Benoît Hamon. Comme aurait dit Audiard, le PS est éparpillé façon puzzle. Plus rien ne le rassemble et chaque jour qui passe aggrave cette décomposit­ion. Hamon a préféré sceller une alliance électorale avec les Verts plutôt que de discuter programme avec les Hollandais et les partisans de Valls. Macron, de son côté, attire de plus en plus de représenta­nts de l’aile réformiste du PS, en rupture avec les choix de Benoît Hamon. Immense désordre qui augure mal de la suite, surtout si Emmanuel Macron gagne l’élection présidenti­elle. Le PS sortira de l’épreuve essoré, fractionné et la guerre des roses s’y déchaînera. Après la défaite, la lutte pour en prendre le contrôle sera féroce et devrait conduire à de nouvelles scissions. Nul doute que des bataillons rallieront aussi le nouveau pouvoir macronien surtout si François Hollande lui apporte son onction. Après tout, Macron est sa créature ! Le Parti socialiste mitterrand­ien né au congrès d’Epinay en juin  sombrera alors corps et biens sans que l’on puisse dire, aujourd’hui, comment la gauche pourra rebondir.

« Comme aurait dit Audiard, le PS est éparpillé façon puzzle. »

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