Var-Matin (Grand Toulon)

Triple meurtre à Marseille : la perpétuité demandée

La peine maximale, augmentée d’une période de sûreté de vingt-deux ans, a été requise par l’avocat général aux assises d’appel du Var. La défense plaide l’acquitteme­nt faute de preuves

- G. D.

Comme elle l’avait fait en premier ressort devant les assises des Bouches-du-Rhône, l’avocat général Martine Assonion a requis la réclusion à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de vingt-deux ans, contre les frères Lamine et Mehdi Laribi. Devant la cour d’assises du Var, qui statue en appel sur un triple meurtre le 25 décembre 2011, dans le cadre d’une guerre du trafic de stupéfiant­s dans les cités des quartiers Nord de Marseille, Mme Assonion a requis la même peine contre Sami Ati, accusé d’avoir commandité cette exécution. Les avocats ont commencé à plaider en défense, pour Sami Ati et Mehdi Laribi.

Un autre monde

À la reprise de l’audience ce matin, il restera à la cour à entendre Mes Luc Febbraro et Eric DupondMore­tti, aux intérêts de Lamine Laribi. Le délibéré suivra. Plaidant pour les proches de Mohamed Bouhembel, Me Christian Méjean avait décrit aux jurés les cités comme un cloaque. « Votre monde va juger un autre monde, avec des règles qui ne sont pas les nôtres », a renchéri Me Eric Scalabrin. Aux intérêts des familles de Sonny Albarello et Nouri Oualan, l’avocat niçois a proposé aux jurés d’apprécier l’affaire dans sa globalité. « En prenant de la hauteur, un peu comme pour les gigantesqu­es figures de Nazca au Pérou, qu’on ne distingue pas au sol, mais qui prennent tout leur sens quand on les survole en avion. » Dans les mêmes intérêts, Me Lionel Ferlaud estimait que l’enquête avait permis d’étayer les témoignage­s sous X, et que tout conduisait aux trois accusés. Un sentiment partagé par l’avocat général, qui a rappelé qu’avant même que les témoins sous X ne se manifesten­t, « les voix des mères se sont élevées et ont témoigné ». Quelques heures après la découverte des corps de leurs fils, ces mères avaient mis les enquêteurs sur la piste des accusés, expliquant le contentieu­x sur le contrôle du trafic aux Micocoulie­rs. « Les témoins sous X ont apporté des complément­s d’informatio­n. Tous les renseignem­ents vont dans le même sens, celui de la reprise du trafic des Micocoulie­rs par Sami Ati, qui a mis un contrat sur la tête des victimes. » La possibilit­é d’un acquitteme­nt ? « Si ces personnes étaient remises en liberté, je ne donne pas cher de leur vie à l’extérieur de la prison. »

Où sont les preuves ?

Cette réflexion a fait bondir la défense. « A-t-on des preuves matérielle­s d’un contrat, a questionné Me Fabien Perez. La place de Sami Ati dans le rôle du commandita­ire est devenue une conviction policière, et on a négligé d’autres pistes. » L’absence de preuve matérielle contre Ati a aussi été dénoncée par Me Michel Pezet, puis par le bâtonnier Fabrice Giletta, pour la défense de Mehdi Laribi. « Aucune des mamans n’a reçu des confidence­s de témoins directs. Elles se sont contentées de répéter la rumeur. Qu’est-ce qu’on en sait si ces quatre témoins sous X n’ont pas une source commune. Sur les lieux, on n’a rien pu vérifier. » Me Lionel Moroni a également demandé l’acquitteme­nt de Mehdi Laribi. « Quand on demande ce qui lui est reproché, on s’entend répondre que s’il y a Lamine, il y a Mehdi, que c’est logique. Si vous le condamnez, vous aller motiver en disant que c’est logique ? » « Il faut adosser ces renseignem­ents anonymes à des éléments matériels, et il n’y en a pas, a martelé le bâtonnier Dominique Mattei. N’est-il pas temps pour vous de dire que ça suffit, et de l’acquitter parce que c’est contraire à nos principes. » Reprise de l’audience à 9 heures.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) La parole sera donnée ce matin à Mes Luc Febbraro et Eric Dupond-Moretti, pour la défense de Lamine Laribi.

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