Var-Matin (Grand Toulon)

En 1868, un événement se produit dans l’histoire urbaine de Nice : la couverture du Paillon et la création de la place Masséna.

- ANDRÉ PEYREGNE

De tout temps, on a redouté les crues du Paillon. On a imaginé les solutions les plus farfelues pour les éviter. Vauban proposa de détourner le fleuve pour qu’il se rejette vers le port. D’autres imaginèren­t de l’intercepte­r en amont de Nice, de le faire passer par un tunnel et le dériver vers Villefranc­he-sur-Mer et même vers Eze, entre Nice et Monaco.

Les ponts détruits les uns après les autres

Cela ne se fit jamais. Mais, dès le Moyen Âge, à Nice, la rive gauche fut canalisée par les fortificat­ions urbaines qui bordaient l’actuel « Vieux-Nice ». En 1832, le roi Charles-Albert de Piémont Sardaigne – dont la ville de Nice dépendait à l’époque – crée le Consiglio d’Ornato, comité d’urbanisme destiné à dessiner la ville moderne. On projette d’aménager les quais du Paillon sur le modèle de ceux de la Seine à Paris. Les travaux sont entrepris à partir de 1832. Les quais sont achevés au niveau de l’embouchure en 1863. En 1868, un événement se produit dans l’histoire urbaine de Nice : la couverture du Paillon et la création de la place Masséna. En 1884 est construit sur le côté nord de la place, au-dessus du Paillon, l’imposant bâtiment du casino municipal avec son architectu­re et sa toiture Napoléon III, ses arcades et sa verrière contenant un jardin d’hiver. En 1892, entre la place Masséna et la mer est créé le jardin Albert 1er au-dessus du Paillon. Ce jardin devient le nouveau lieu de rendezvous des élégantes à l’orée de la promenade des Anglais, avec son kiosque à musique. Nice grandit, Nice s’embellit. La couverture du Paillon se poursuit : en 1921 le fleuve est couvert en amont de la place Masséna, ce qui entraîne la destructio­n du légendaire Pont-Vieux, datant du Moyen Âge, lequel se trouvait en face de l’actuel lycée Masséna. En 1931, une nouvelle tranche de travaux est lancée. La couverture du Paillon dans le périmètre de la ville s’achève en 1972 avec la disparitio­n du pont Barla. En 1979, le casino Municipal est détruit, libérant un espace qui est aujourd’hui transformé en « Promenade du Paillon ». D’aucuns l’appellent la « Coulée verte ». Le fleuve de Nice a été dompté caché, oublié. Il faut sortir de la ville pour retrouver son lit pierreux au milieu duquel ne coule parfois qu’un filet d’eau. Mais rien ne dit qu’un jour une nouvelle « crue du siècle » ne précipiter­a à nouveau ses eaux furieuses entre ces rives désertique­s. Ce qui est sûr, c’est que, vu les moyens modernes d’informatio­n mis en oeuvre, on ne verra plus de cavalier venir au grand galop en criant à toute voix « Lou Paioun ven ! Lou Païoun ven » !

 ??  ?? À gauche, la vallée du Paillon au nord de Nice ; à droite, la traversée de Nice avant la couverture du Paillon.
À gauche, la vallée du Paillon au nord de Nice ; à droite, la traversée de Nice avant la couverture du Paillon.

Newspapers in French

Newspapers from France