Var-Matin (Grand Toulon)

À la sortie de la fac : « Laissez les gens libres »

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En ce vendredi de vacances scolaires, les élèves de l’école d’ingénieurs (Isen) de Toulon, eux, ne chôment pas. C’est l’heure de la récré, ou plutôt de la pause clope. Matthieu et Nicolas tapent la discute au pied des marches. Le premier avoue fumer « comme tout le monde, le week-end ou en soirée ». Le second n’a « jamais touché » un pétard de sa vie. Mais tous les deux sont d’accord sur un point : il y a bien quelque chose qui cloche avec la loi actuelle. Si Matthieu estime que « la légalisati­on permettrai­t d’en finir avec les petits revendeurs », Niocolas va plus loin en invitant « l’État à contrôler le marché ». Tous deux disent connaître «les risques » mais aussi les « effets médicinaux » du cannabis. « L’important, résume Nicolas, qui avoue aussi préférer l’alcool, c’est qu’il faut en parler ». Comme quelques dizaines de millions de Français, les deux futurs ingénieurs ne sont pas dupes. Constatent que le cannabis est consommé « à peu près partout ». Arrive un homme plus âgé qui sort une cigarette, puis l’allume. Olivier Maynard est professeur d’électroniq­ue à l’Isen. Lui est « contre » la légalisati­on. Ne « souhaite évidemment pas encourager les élèves à ce genre de choses ». Une histoire de « principe ». On sent que c’est l’enseignant qui parle, sans doute plus que l’homme. Car lorsqu’on creuse un peu, le prof reconnaît y avoir déjà goûté « plus jeune, dans les soirées étudiantes »

« Une personne sur trois fume des joints »

À quelques dizaines de mètres de là, sur le parvis de la fac de droit, on se rend compte que le sujet n’est pas si tabou que ça. On rechigne un peu à témoigner au début mais les langues se délient rapidement. « Bien sûr que l’on consomme autant d’alcool que de cannabis, croit bon de rappeler une étudiante en formation continue. Et puis le cannabis, poursuit-elle avec son air d’y toucher un peu, ce n’est pas réservé qu’aux étudiants en fac de lettres. » En effet, même ici où seront formés les futurs représenta­nts de la loi, il se dit « qu’une personne sur trois environ fume des joints ». Lui aussi inscrit en formation continue, Pierre dit les choses avec concision : « On a une législatio­n de plus en plus stricte alors qu’on est l’un des pays où l’on fume le plus ». C’est bien la preuve, selon lui, que la répression a atteint ses limites. « En fait, précise-t-il, la dépénalisa­tion ne changera pas grand-chose sur le nombre de consommate­urs ». « Alors autant laisser les gens libres, coupe sa collègue. On est grand, on sait ce qu’on fait ».

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