Var-Matin (Grand Toulon)

Assises des mineurs : une grossesse tragique

Depuis hier, les jurés sont en quelque sorte invités à se replonger dans leur adolescenc­e, pour comprendre les tenants et les aboutissan­ts d’une bien pénible affaire, en 2015 à Solliès-Pont

- G. D.

Sur le banc des accusés, à huis clos devant les assises des mineurs, Marie, désormais âgée de 18 ans, doit elle aussi faire un retour en arrière dans sa jeune vie. Pour expliquer dans quel état de conscience se trouvait la lycéenne de 16 ans qu’elle était alors, au moment de commettre un infanticid­e.

Honteuse de son état

La honte semble être le maître mot de cette douloureus­e affaire, révélée après la découverte, début mai 2015, d’un sac plastique contenant la dépouille d’un nourrisson de sexe féminin. Cette enfant, Marie en avait accouché seule dans sa chambre, au milieu de la nuit du 18 au 19 avril, après avoir dissimulé sa grossesse à presque tout son entourage. Le petit ami de Marie était au courant, mais elle lui avait dit qu’elle s’était rendue à l’hôpital pour accoucher. Marie avait aussi, sept mois auparavant, confié sa grossesse à sa meilleure amie, qui ne l’avait pas crue. Deux autres amies avaient reçu la même confidence, et pouvaient témoigner de la honte de la jeune fille face à cette situation.

Honteuse de son geste

La honte, surtout, d’avoir mis fin aux jours de ce petit être, dont elle pensait qu’il n’aurait pas d’avenir. Sans parvenir à se décider entre l’avortement et l’adoption, Marie avait laissé passer le temps. Au moment fatidique, dans la panique, elle avait étouffé le bébé, avant de couper le cordon avec des ciseaux d’écolier. Elle l’avait placé, enveloppé de serviettes, dans un sac plastique qu’elle avait accroché sous le rebord de la fenêtre de sa chambre. Où sa mère l’a découvert deux semaines plus tard. Les médecins légistes ont indiqué hier aux jurés que l’autopsie n’avait pas permis de déterminer les causes du décès, ni si le bébé avait respiré. Ils ont en revanche été en mesure de préciser que la grossesse avait été menée à terme, et que le bébé n’avait aucune malformati­on incompatib­le avec la vie. La psychiatre et le psychologu­e déposeront aujourd’hui sur les ressorts intimes de ce drame.

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(Photo DR) Place aujourd’hui à la déposition de la psychiatre et du psychologu­e pour tenter de mieux comprendre les faits.

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